Théâtre
“Mes Parents” de Mohamed El Khatib, les parents vus par leurs enfants dans une représentation drôle et touchante

“Mes Parents” de Mohamed El Khatib, les parents vus par leurs enfants dans une représentation drôle et touchante

16 November 2021 | PAR Clémence Duhazé

Dans le cadre du Festival TNB (Théâtre National de Bretagne), nous avons vu Mes Parents, de Mohamed El Khatib. Dans cette pièce, les élèves de l’Ecole du TNB partagent le regard qu’ils portent sur leurs parents lors d’un dernier spectacle dans le cadre de leur formation. Les émotions se mêlent et touchent là où ça pique. 

Les lumières baissent à peine. Une jeune fille sort du public et commence à évoquer ses parents : leurs regards sur elle, parfois tendres, parfois durs. Les autres élèves de l’Ecole du TNB la rejoignent progressivement et c’est avec un dynamisme étourdissant que les anecdotes s’enchaînent. Une chronologie s’installe : comment leurs parents se sont rencontrés, les souvenirs de l’enfance, l’avenir qu’ils s’imaginent… jusqu’à cette question : “Comment on fait pour vivre sans ses parents ?” Entre vitalité mordante et secrètes vérités, le ton est donné. 

Un théâtre immersif

Les anecdotes ne peuvent que sonner vraies : les acteurs sortent leur portable pour partager musiques ou même messages vocaux qu’ils ont reçus de leurs parents. Ces archives font parfois remonter des souvenirs enfouis, uniques, touchants. Ce lien avec le réel va jusqu’à des séquences sur Zoom, qui rappellent tant les derniers mois vécus. La performance des acteurs est impressionnante, bien que les histoires de chacun se superposent avec une étonnante fluidité. Pas un ne prend le pas sur l’autre et l’étouffe, au contraire : ils se répondent comme lors d’une grande conversation et provoquent rires, stupeur et émoi. Le décor est presque absent, donnant ce sentiment que la séparation entre les spectateurs et la scène n’existe plus. Impression peu à peu renforcée par les propos des acteurs : on s’identifie à leurs histoires, que l’on soit parent ou enfant.

Rires et sensibilité : la juste alliance

L’humour transparaît presque à chaque instant dans les anecdotes racontées par les acteurs. Il est l’outil essentiel lorsqu’il s’agit de faire tomber la barrière de l’intime, qui atteint son paroxysme lorsque les enfants évoquent la sexualité de leurs parents ; difficile question, abordée avec une justesse touchante. L’émotion est partout présente dans Mes Parents, naviguant entre l’hilarité et la poésie. Derrière la légèreté apparente viennent se poser des questions plus âpres : la transmission entre deux générations malgré la fuite du temps ; mais aussi l’éducation et son exercice difficile. L’enfant intérieur qui sommeille en chacun de nous se reconnaît en chaque histoire, désarmé d’apprendre à quel point l’expérience humaine est universelle.

Mes Parents de Mohamed El Khatib, à retrouver le 4 et 5 janvier à l’espace 1789 à Saint-Ouen. Durée : 1h15.

 

Visuel : © Gwendal LeFlem 

 

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