Théâtre
Borderline(s) Investigation #2 : Frédéric Ferrer sauve le monde à la Villette

Borderline(s) Investigation #2 : Frédéric Ferrer sauve le monde à la Villette

16 December 2022 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Le metteur en scène, le plus conférencier qu’il soit, apporte les conclusions du nouveau rapport public du Groupe de Recherche et d’Action en Limitologie (GRAL) sur la petite scène de la Grande Hall. Un spectacle aussi déglingué que nos contradictions climatiques !

En interview lors du premier épisode de Bordelines Investigation, Frédéric Ferrer nous confiait : « C’est un théâtre qui me convient. J’utilise une sorte de « dramaturgie du PowerPoint » et par ce dispositif je mets en œuvre un glissement progressif, au fur et à mesure des slides, afin que le raisonnement et le récit puissent dévisser et se décaler et, in fine, devenir absurdes ou idiots. Car j’aime l’idiotie et l’absurdité. C’est une manière de regarder le monde qui me convient. » Pour cette saison deux qui revient quatre ans après, dont une épidémie au milieu, le procédé est le même.  Voici des experts très experts et un conférencier très speed, prêts à tout pour nous prouver que sauver le monde est possible, enfin, peut-être, enfin… c’est pas très sûr !

Au plateau, nous retrouvons Karina Beuthe Orr, Guarani Feitosa, Frédéric Ferrer, Hélène Schwartz et  Clarice Boyriven. Tous et toutes sont des chercheurs et chercheuses ayant enquêté sérieusement sur les limites. On trouve des rennes interdits de passer la frontière entre la Suède et la Norvège, des singes patibulaires et quelques éléments sur des cochons pas si bons. Mais l’ensemble de la pièce , le “dossier” pose cette question : l’effondrement de notre civilisation ou la fin du monde. Quelles solutions pour se sortir de tous nos problèmes ?”

Le travail de Ferrer est de faire rire avec le pire. Ils et elles ont beau essayer de nous expliquer dans toutes les langues, et surtout celles qui n’existent pas, que si l’on peut pointer les problèmes, on peut trouver les solutions. La direction d’acteurs et d’actrices est totalement clownesque, les idées fusent entre un fond vert et le mendiant de l’amour d’Enrico Macias !

On rit aux éclats face à ces démonstrations dignes d’une conférence TED sous coke, et en même temps on réfléchit. Tout ce qui est raconté est vrai et les courbes qui grimpent voient toutes rouge.  Pour autant, la pièce ne cherche pas à nous faire peur. Nous savons que la planète crève, qu'”il ne peut pas y avoir d’infini dans le fini”. Bref, le soleil va s’éteindre et la terre avec, un jour, dans plus si longtemps à l’échelle de l’éternité.  

Puisqu’il faut faire avec, Ferrer nous offre des outils et des sources d’espoir. Non tout n’est pas perdu, car quelquefois, le hasard se mélange aux mathématiques. Cela donne du grand et beau théâtre où le plaisir de jouer est communicatif ! 

On fait quoi alors ? “On continue” comme disait l’autre…

Jusqu’au 18 décembre. Tout public à partir de 14 ans. Grande Halle de la Villette. Informations et réservations ici.

Visuel : © NASA/JPL-Caltech, Frédéric Ferrer

 

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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