Performance
Sororités à Vive le Sujet ! 4 au Festival d’Avignon

Sororités à Vive le Sujet ! 4 au Festival d’Avignon

19 July 2021 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Dernier de la série des Vive le Sujet ! de la SACD et du Festival d’Avignon, le programme 4 est lié par un féminisme qui prend de la hauteur et de la puissance, sur talons hauts, sur muscles bandés et sur voix assumée.

Au programme de ce dernier Sujet, tout d’abord un duo composé de Juglair et Julien Fanthou. Elle est circassienne et cavalière. Lui est chanteur et travesti, son nom de scène est Patachtouille. Il est connu pour son humour délicieux et sa voix de ténor.

Ils arrivent “encéphalonés” comme s’ils étaient des sœurs siamoises. Deux bras, deux têtes, trois jambes. Monstrueux, non ? C’est monstrueux, non, ces filles au masculin et ces garçons féminins ! Sérieusement, qui aurait pu dire que ce serait encore une question au XXIe siècle. C’est fatigant !

Et eux fatiguent vite sous le plastique qui donne son nom à la performance : Plastic Platon. Ils s’en libèrent et se découvrent, circonspects : “Est-ce que tu es un homme ou une femme ?”, demande Julien à sa partenaire. C’est vrai c’est pas si simple. Le duo va alors se jouer des codes, slip pour elle, escarpins pour lui et se mettre à danser, chanter et jouer sous les yeux de la Vierge qui ne voit plus rien sous le lierre d’ailleurs ! C’est la performance la plus queer de ce festival qui ne pose pas la question cette année. Le sujet c’est plutôt la place envahissante du religieux. Et ça fait du bien de les voir poser leurs corps et leurs postures là, car oui, c’est encore une question au XXIe siècle, il ne faudrait pas tout prendre pour acquis.

La performance suivante s’inscrit dans la droite ligne de la première. Notre adorée Nach, danseuse, krumpeuse est au plateau avec Ruth Rosenthal, chanteuse et performeuse militante. La scène est recouverte de micros et la pièce va, en danse vorace et en mots clairs, dire que les femmes doivent se réapproprier leur histoire. “Herstory” comme dirait RuPaul. Et cet acte se fait en corps. Nach dit et elle a raison : “Si on ne peut pas la danser, on ne la fera pas cette révolution !” Et dans un geste qui s’inscrit dans les origines même du Sujet à vif, ou Vif du Sujet, ou sur le vif… la rencontre est totale entre les filles. Nach transmet sa danse, qui martèle et qui frappe, à Ruth qui, elle, fait parler Nach. Leur duo est lumineux d’amitié. C’est étrange de l’écrire comme ça mais elle font alliance et ça marche, ça se transmet. C’est comme si les mots de Ruth étaient entrés dans la danse de Nach qui nous offre, pour nous faire marrer, un vrai moment de voguing

Le programme 4 est donc super militant, et c’est génial parce que tout passe par le corps, pour dire une nouvelle fois, que oui, la culture est essentielle, qu’elle parle et qu’elle fait avancer tout ça. 

Jusqu’au 24 juillet à 18 heures, au jardin du lycée de la Vierge Saint-Joseph. Durée 1h15. 

Visuel :  © Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

 

 

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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