Spectacles
Le festival de la Ruche fait bourdonner le TnBA

Le festival de la Ruche fait bourdonner le TnBA

23 May 2022 | PAR Marguerite Delevingne

Du 19 au 21 mai se tenait la deuxième édition du festival de la Ruche au Théâtre national Bordeaux-Aquitaine. Trois jours de théâtre qui sont l’occasion de découvrir :  des étapes de travail, des performances, un banquet participatif…

 

Ce qui fait l’originalité de ce festival organisé par Catherine Marnas, directrice du TnBA, c’est que les spectacles présentés ne sont pas des versions finales. Ce sont des spectacles en cours de création. Certains montrent leur deuxième étape de création, d’autres ne montrent qu’un extrait, pour d’autres encore il s’agit d’un test. Le festival de la ruche compte sept spectacles et une conférence. Plusieurs parcours sont proposés avec différents spectacles à la carte.

 

Les Frères Sagot 

Ce spectacle c’est l’histoire de deux frères Jules et Luis Sagot. Le premier est né en France et est comédien. Le second est né au Mexique, il a été adopté à l’âge de ses 11 ans, il est cuisinier, pianiste, devin… Avant que le spectacle ne commence on nous prévient que le mot « handicap » sera remplacé par le mot « hélicoptère ». Jules nous raconte comment lui et Luis se sont retrouvé « imposés » l’un à l’autre. Puis, vient le moment de raconter l’enfance de Luis au Mexique, mais ce dernier refuse et préférerait que l’on parle de ces nombreux talents, en commençant par le cinquième.

C’est un spectacle plein de sincérité, à la fois de la part de Luis qui n’est pas comédien, mais aussi de la part de Jules qui ne peut s’empêcher de montrer son émotion de jouer avec son frère. Il déclame un monologue sur la relation qu’il entretient avec le fait que son frère ait un « hélicoptère » et sur le regard des gens par rapport à ce même « hélicoptère ». Une déclaration d’amour touchante entre deux frères d’une douceur infinie.

 

À quel type de drogue je corresponds ?

Sandrine Hustinet met en scène le texte performatif de Kai Hensel. Ce spectacle en est à sa deuxième étape de création, deux extraits sont proposés.

Le spectacle commence comme une conférence présentée par Bénédicte Simon, seule sur scène. Une conférence sur les différents types de drogues et leurs effets. La comédienne nous questionne sur ce qui nous empêche ou non de franchir le pas vers la drogue. Selon elle, nous devrions tous franchir la limite qui nous sépare de la drogue. Nous découvrons donc Hannah, qui nous raconte son histoire et son passage vers la drogue. Mère de famille et épouse, en apparence comblée, voit comme un signe du destin le fait que l’un de ses ouvriers puisse lui vendre un cachet d’ecstasy. Nous suivons donc l’escalade de sa consommation jusqu’au effet secondaires dévastateurs…

Un spectacle qui se présente, au début, comme une apologie de la drogue faite avec humour, fini par une descente aux enfers présentant les conséquences que peut avoir la consommation. Loin d’être moralisateur, l’effet que produit cette performance est semblable à celui d’une drogue : l’euphorie du début, les rires, la joie puis, au fur et mesure, une redescente violente qui laisse le spectateur dans un état second.

 

Brisby (blasphème !) 

Cette pièce est basée sur un texte de Théophile Dubus et mise en scène et interprétée par Julie Papin. Elle est seule sur scène et joue les quelques vingt personnages de ce royaume presque lunaire. Un spectacle qui questionne la notion d’espoir : « L’espoir ne serait-il qu’une période d’attente qui nous permettrait de rencontrer notre passe ? Pour mieux en accepter la fatalité ? »

On assiste à une réelle performance de la part de Julie Papin, une performance presque clownesque. C’est une traversée de l’intégralité du spectacle, avec les ellipses d’une voix-off : « À ce moment-là du spectacle… ». Une histoire complètement loufoque interprétée de manière brillante par Julie Papin. Un drame avec beaucoup d’humour qui nous pousse à la remise en question.

 

Le Rouge et le Noir

 

Catherine Marnas adapte et met en scène le texte de Stendhal, Le Rouge et le Noir. Pour sa nouvelle création, elle choisit de garder la narration et la langue de Stendhal. Monter Le Rouge et le Noir dans son intégralité reviendrait à faire un spectacle de 40 heures. Pour le festival de la Ruche, Catherine Marnas propose une traversée d’une heure sous forme de banquet grec. Des grandes tables, des chandeliers, des carafes avec de l’eau, du vin ou du jus de raisin.

Avant le début de la lecture, chacun est invité à écrire sur un papier ce qui lui évoque Le Rouge et le Noir. Certains papiers sont lus par les acteurs ou le public. Un chronomètre est lancé, au bout d’une heure la lecture devra s’arrêter peu importe si la traversée est terminée ou non. Franck Manzoni, Nicolas Martel, Faustine Tournan, les trois comédiens se partagent le texte entre Julien Sorel, le narrateur et les personnages féminins. Cette lecture nous permet de découvrir ou redécouvrir ce monument de la littérature. Catherine Marnas et ses comédiens offrent un renouveau à la langue de Stendhal.

Le festival de la Ruche du TnBA est l’occasion de découvrir des spectacles en création. Un très bon moyen de faire languir le spectateur. Il n’y a plus qu’à attendre avec impatience la programmation de ces spectacles.

 

Visuels : © affiche officiel // © Pierre Planchenault

Agenda de la semaine du 23 mai 2022
“Shiny gold” et “Aurae” à la Gaîté Lyrique : voyage entre réalités
Marguerite Delevingne

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration