Arts
“Shiny gold” et “Aurae” à la Gaîté Lyrique : voyage entre réalités

“Shiny gold” et “Aurae” à la Gaîté Lyrique : voyage entre réalités

23 May 2022 | PAR Capucine De Montaudry

Ce week-end, la Gaîté Lyrique fêtait ses 10 ans avec This is not a Fu%ing Museum. Plusieurs rencontres ont été organisées, avec des concerts et des performances. En continu, deux expositions-expériences : “Shiny Gold” de Nelly Ben-Hayoun et “Aurae” de Sabrina Ratté. 

Vendredi dès 14h, à l’ouverture de la Gaîté Lyrique, de nombreux visiteurs entrent dans le magnifique bâtiment. Il s’agissait ce week-end de rappeler le projet de l’institution (nous n’osons plus dire musée !) : se situer au plus près de la création contemporaine, plus précisément dans son lien avec le numérique. Jos Auzende, la directrice artistique, nous explique qu’il s’agit depuis 10 ans de “voyager dans notre époque“, marquée par de nombreuses transformations techniques et technologiques. “Un fil entre tout cela, c’est un peu la place des sens, du corps ; on ne peut pas tout de suite mobiliser notre intellect, et notre corps a une longueur d’avance sur notre capacité de réponse.” Les artistes appelés nous invitent ainsi à nous appuyer sur des impressions, sur ce que l’on ressent, pour prendre de nouveaux repères dans ces nombreux changements. 

Shiny Gold, une nouvelle expérience du macrocosme

Nelly Ben Hayoun propose avec Shiny Gold une immersion dans un monde qui nous dépasse. Dès la porte de la salle, située au premier étage du bâtiment, des mains immenses auxquelles manquent quelques doigts sont tendues vers vous. Ce sont celles de Marie Curie. En effet, l’artiste fait appel à différentes énergies pour susciter des réflexions transversales lors du parcours dans la salle. Les visiteurs se promènent entre des structures gonflables : une forêt de champignons, un piranha, une pieuvre géante, un tube dans lequel passe un corps adulte… Il y a également une piscine de bulles dans laquelle se plonger avec délice. La salle est à la fois sombre et lumineuse, de nombreuses couleurs se mêlent. Le sol, en aluminum doré, reflète tout. 

L’installation est un parcours très ludique, et en même temps quelque peu inquiétant. Le microcosme dans lequel pénètre le visiteur demeure enfermé dans ses quatre murs et l’on ne sait pas très bien ce qu’il peut s’y passer. Les proportions semblent inversées. Les chemins n’existent pas. Le visiteur choisit où il va, il n’y a rien pour le guider. Il fait face à un monde encore inconnu mais compose peu à peu avec ce nouveau lieu où il prend ses repères. Chacun structure son propre espace selon ses perceptions. 

Avec Shiny Gold, l’artiste Nelly Ben Hayoun nous fait renouer de manière ludique avec une perception du monde tout enfantine. Jos Auzende l’a invitée à célébrer cet anniversaire car elle est l’une des premières artistes que l’institution a accueillie en résidence, il y a 10 ans. Son installation est comme un “défi symbolique des choses“, nous explique la directrice artistique. Elle souhaite en effet montrer que les choses, malgré leur éloignement apparent, ont de nombreuses connexions et nous informent. 

L’exposition-installation a lieu jusqu’au 6 novembre. Toutes les informations ici

L’oppressante exposition Aurae

Il y a un grand contraste entre les deux installations-expositions. L’univers de Sabrina Ratté est celui de la réalité virtuelle. L’exposition est faite de nombreux écrans à double face où sont projetées des images qui semblent se briser. Une musique pesante remplit la salle. Difficile de ne pas ressentir un sentiment de malaise en contemplant ces formes mouvantes, irréelles et pourtant sous nos yeux. Il y a beaucoup de fleurs, en particulier des hortensias, et c’est l’image elle-même qui se décompose. L’exposition est une immersion dans un monde presque fictif. Les architectures englobent également le visiteur et l’emmènent dans un monde où tout semble pouvoir disparaître sans aucune raison. Des motifs hypnotiques nous envahissent plus que nous les regardons. 

Aurae, c’est la ici la force qu’ont les images. Nous n’avons plus l’habitude de contempler. Or regarder et percevoir deviennent une contrainte. La musique prolonge l’impression dérangeante que font les projections. Cette exposition nous marque par son aspect oppressant : nous sommes effectivement dépassés par tous les changements technologiques et par le progrès numérique. 

Vous pouvez visiter l’exposition-installation (qui est gratuite) jusqu’au 10 juillet 2022. Plus d’informations ici

 

Visuel : Piranha et rochers dans  Shiny gold de Nelly Ben-Hayoun, © Vinciane Lebrun. 

Galerie : Photographies de Shiny Gold avec l’artiste Nelly Ben-Hayoun sur les photos 4 et 5, ainsi que Jos Auzende sur la photo 4. © Vinciane Lebrun. 

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