Danse
Israël Galvan et Marlene Monteiro Freitas dévorent la scène du Théâtre de la Ville

Israël Galvan et Marlene Monteiro Freitas dévorent la scène du Théâtre de la Ville

20 December 2022 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Depuis septembre, nous découvrons ou redécouvrons ébahis le portrait Marlene Monteiro Freitas du Festival d’Automne. Et puisque le festival se termine doucement ces prochaines semaines, il offre, en clôture de ce focus écrit pour la danseuse et chorégraphe, un pas de deux à sa hauteur. Olé !

Ri te / Paris Intermission est le titre de ce spectacle en mouvement. Chaque soir, ces deux démiurges livrent au public leurs recherches du jour. On ne sait pas si les représentations sont absolument différentes d’un soir à l’autre. Ce que nous avons vu est une œuvre déjà très charpentée.

Pour rappel, Israël Galvan règne sur le flamenco contemporain depuis le début du siècle. Il fait flamenco de tout, des pianos comme des cercueils. Marlene Monteiro Freitas est dans le milieu depuis une dizaine d’années. Elle s’est emparée des scènes européennes pour n’en faire qu’une bouchée. Elle a révolutionné la danse en y injectant des mouvements automates absolument sorciers. Alors, quand a été révélée la nouvelle qu’un duo entre ces deux-là se préparait, l’excitation est montée d’un cran.

Le décor est fait d’une petite structure en bois, comme une cabane. On y trouve deux chaises, comme souvent dans les spectacles de Galvan et de flamenco tout court. Deux serviettes violettes rappellent la couleur fétiche de Marlene. Du côté du choix des armes, Israël se la joue galant, c’est elle qui porte les « claquettes » tandis que lui se contente de bottes en caoutchouc jaunes. Ils sont tous les deux vêtus d’une combinaison blanche.

Le résultat est une transmission de l’un à l’autre sans hiérarchie. Les mimiques de Marlene, qui emprunte autant à Chaplin qu’à Joséphine Baker, se retrouvent sur le visage d’Israël Galvan, quand elle s’essaie et réussit à taper ses « palmas ».

C’est un duo drôle où les protagonistes prennent du plaisir jusqu’à l’épuisement. Dans la séquence proposée hier aux spectateurs, on aura vu exploser quelques « orgasmes » de plus en plus épuisants. Leurs maîtrises de leurs danses est si acquise qu’elle est un jeu. Le bassin de Marlene comme les pieds d’Israël ne sont plus des matières à penser. Ils sont libres d’utiliser leur corps comme ils le veulent. Ri te est un cadeau, une démonstration aussi fine qu’hilarante. La proposition est à la fois très intelligente et complètement burlesque. Ils se regardent, se jaugent, dansent à deux comme dans un club, roi et reine de la piste. Ils convoquent Carmen pour s’affronter en taureau et matador. Mais aucune mise à mort ici, l’arène est safe… comme on dit aujourd’hui. Le féminin et le masculin n’est pas une question. Quand le corps de Marlene est volontairement raide, celui d’Israël sait cambrer quand il le faut.

La pièce se donne encore ce soir, à 19 heures à l’Espace Cardin, et il reste plein de places. Cela dure une heure. Allez-y, c’est une occasion unique de voir deux géants de la danse ensemble.

Visuel : © Nicolas Serve / Peter Hönnemann-Kampnagel

 

 

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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