Playlist de la semaine (146)
L’arrivée du nouveau Suuns, de la folk-psyché venue d’Italie, la belle captation live de Backbone…la playlist de la semaine, rendez-vous hebdo confectionné par Toute La Culture, rien que pour vos oreilles et pour vos tympans exigeants :
1. Suuns, « Translate »
Après avoir livré l’an passé avec Jerusalem In My Heart l’un des albums les plus spirituels et les plus complexes de l’année, Suuns revient en formation plus classique afin d’annoncer, pour le 15 avril, la parution d’un troisième album qui, dans la foulée de Zeroes QC (2011) et Images du Futur (2013) pose quelques mélodies bizarrement addictives (ici, une ligne de guitare idéale) sur des textures électroniques vaporeuses. La voix plaintive et trainante de Ben Shemie accompagne toujours l’ensemble, et rivalise « Translate », ce premier morceau, est aussi accompagné par un clip, qui donne la sensation de se regarder le monde à travers la vision d’un Predator. L’une des grosses attentes des mois à venir.
2. Weird Black, « Despite the Gloom »
Contrairement à ce qu’indique le nom de son premier album (Hy Brazil), Weird Black ne vient pas du pays auriverde mais bien de la grande botte italienne (de Rome exactement). De là, le trio fondé par Luca Di Cataldo sur les cendres de son ancien projet Holidays (Giampolo Scapigliat était déjà de la partie) a pris le temps d’étudier, non pas les nombreuses ruines antiques qui maquillent la ville d’un habits d’hier, mais bien d’autres vestiges, ceux liés au folk-pop psychédélique des années 70-80 (de Daniel Johnston aux Moldy Peaches), retranscrit sur ce premier album avec une liberté de ton et un second-degré notables. Ici, on peut voir aussi le clip de « Despite The Gloom » et son esthétisme glauque-grotesque, branché et rétro à souhait.
3. Samba de la Muerte, « Colors »
En Français, et dans un format qui se rapproche plus de l’afro-pop open minded de François and the Atlas Mountains que des sonorités purement folktronica de ses premiers EP (Secrets, Samba de la Muerte, 4), le nouveau morceau d’Adrien de Concretes Knives, à la tête de son projet Samba de la Muerte (où officie aussi Corentin Ollivier, qui vient de sortir son premier EP sous le nom de Faroe), annonce un album (Colors) qui promet, justement, de se coloriser à l’aide de couches bien azimutes. Citoyen du monde (le réel mais aussi l’irréel, puisque l’on pourra aussi un peu parler de « dream pop), Samba de la Muerte fera paraître ce premier album le 18 mars prochain.
4. Backbone, « Common Land »
Signés, eux aussi, chez les irréprochables d’Animal Records (Bloum, Stand Wise, Kanzi), les Backbone profitent d’une belle et sobre captation live de leur changeant, longiligne et remarquable petit tube « Common Land » pour remettre en avant, justement, le fait que ce projet-là n’a décidément rien du tout de commun. Car ici, au sein d’un morceau aux progressions vertigineuses et dominées par la voix, percutante et sensible, de Jon Onj, on fait d’abord dialoguer le jazz sans pompe et le blues sans larmes, avant d’assumer une effusion soûl vertigineuse. Audacieux, exigeant, et prometteur.
5. Rosie Lowe, « Woman »
En attendant la sortie de son premier album (Control, 19 février), Rosie Lowe fait paraître le clip de « Woman », instant de pop soûl tendre et engagée (« you must be strong woman »), morceau à l’intérieur duquel la Britannique revendique, sans colère, sa fierté d’être une femme et ses volontés d’égalitarisme intégral. Message essentiel et morceau solennel : à notre tour d’être fort, dans l’attente d’un disque forcément destiné à marquer l’année soûl 2016. La Londonienne sera aussi a Badaboum, le 1er mars prochain.
6. Velvet Stairs, « Regency »
Entre Prodigy et les Daft, entre la rave punk et l’électro que l’on a rapidement dû étiqueter « Frenc Touch », J.C. Villain fait évoluer son prochain Velvet Stairs qui, après deux EP parus en trois ans (Star Dawn en 2013 et Last Anthem en 2014), sort aujourd’hui Regency, introduit par le single, épidermique et lancinant, nommé de la même manière. Odeur de souffre et souffle décadent, et la réutilisation, sur la pochette, d’une figure de cerf dominant.
7. Pere Ubu, « New Picnic Time »
Figure incontournable d’un post-punk graveleux, excessif et dadaïste (le nom du groupe, tiré de la pièce absurde de Jarry, dit les orientations intellectuelles du groupe), Pere Ubu est aujourd’hui célébré via un coffret recensant les meilleurs instants de la carrière tourmentée du groupe de Cleveland. Après un premier objet l’an passé, ce 2e coffret rassemble New Picnic Time (que l’on peut écouter en intégralité ci-dessous), The Art Of Walking et Song Of The Bailing Man avec un quatrième LP Architectural Salvage qui contient des extras. Une tournée, aussi, est prévue afin de coïncider avec ces deux coffrets.
Visuel : (c) pochette de Control de Rosie Lowe