Classique
Natalie Dessay et Philippe Cassard triomphent au festival de Chambord

Natalie Dessay et Philippe Cassard triomphent au festival de Chambord

08 July 2022 | PAR Hélène Biard

Fondé en 2011 par la pianiste Vanessa Wagner, le festival de Chambord a su, depuis cette date, s’imposer dans le paysage musical français grâce à la qualité des concerts proposés chaque année. Cette année, Natalie Dessay nous y a offert un beau récital !

L’édition 2022 du festival promet de belles soirées ; et, d’ailleurs, le concert d’ouverture (Das lied von der erde de Gustav Mahler par l’ensemble Le Balcon le 2 juillet) a donné le ton de la manifestation. L’édition en cours est, et sera – à n’en pas douter – exceptionnelle

On ne présente plus Natalie Dessay. Bien que retirée des scènes opératiques françaises et internationales depuis 2013, la célèbre soprano bordelaise continue à faire parler d’elle à travers une carrière très différente, mais bien remplie. Si Dessay chante désormais aussi de la variété française et internationale, elle collabora, par exemple, jusqu’à son décès en 2019, avec le grand compositeur de musiques de films, Michel Legrand. Elle n’oublie pas pour autant le répertoire de mélodie et de lied qu’elle défend avec talent en compagnie du pianiste Philippe Cassard. En ce chaud mardi de juillet, le duo, qui donne son 90e concert à l’occasion du festival de Chambord, arrive avec un programme surprenant, mais original. En effet, jusqu’à présent Dessay s’était toujours refusé à présenter des récitals lyriques. Et avec « Paroles de femmes », c’est un récital lyrique auquel le public, venu nombreux, a assisté dans la cour du château aménagée pour le festival.

La première partie de la soirée est exclusivement consacrée à Mozart. Le nozze di Figaro occupe une bonne place du programme de ce début de soirée et il faut saluer l’interprétation de l’aria de Susanna « Giunse alfin il momento … Deh vieni, non tardar » que Dessay prend à son compte sans faiblesse ; le temps d’une soirée, l’artiste lyrique d’antan revient sur scène. Tout y est : la voix est ferme, le médium et les aigus sont étincelants, les nuances quasi parfaites passant sans efforts la rampe des gradins y compris les pianos morendo parfaitement audibles partout. Les deux arias de la comtesse, « Porgi amore » et « Susanna non vien … Dove sono i bei momenti » sont moins convaincants car Dessay mange des mots ici et là dans le récitatif ; cependant, leur interprétation reste intéressante ne serait-ce que par ce témoignage d’un rôle qu’elle n’a jamais interprété sur scène. Si Natalie Dessay connaît parfaitement La flûte enchantée – et pour cause puisqu’elle chanta magistralement, pendant des années, la reine de la nuit -, c’est l’unique aria de Pamina « Ach ich füls » qu’elle a interprété mardi soir. Il nous faut bien admettre que si la diction est impeccable, le tempo adopté était vraiment trop lent et cela a nui à son interprétation.

Au retour de l’entracte, le ton change. Le programme concocté par le duo Dessay/Cassard est totalement français. Si « la chanson perpétuelle » d’Ernest Chausson (1855-1899), composée sur un poème de Claude Gros est interprétée avec sobriété, c’est « La dame de Monte Carlo » de Francis Poulenc (1899-1963) qui permet à la soprano de faire la démonstration d’un sens de l’humour qu’elle possède au plus haut point. Avec le court aria de Mélisande « Mes longs cheveux » extraite de Pélléas de Mélisande de Claude Debussy (1862-1918) Dessay s’amuse beaucoup dans un rôle qu’elle a peu chanté à la scène mais qu’elle défend avec talent. Du Cid de Jules Massenet (1842-1912), c’est LE tube de l’opéra que Natalie Dessay interprète avec simplicité : « De cet affreux combat, je sors l’âme brisée … Pleurez mes yeux ». Dessay faire ressortir brillamment le dilemme de Chimène brisée par la mort de son père et tiraillée par son amour toujours aussi vif pour Rodrigue, sorti vainqueur du duel fatal. En milieu de seconde partie, Philippe Cassard distille judicieusement l’élégie pour piano de Massenet, par extraits entre deux arias, pendant toute la durée du récital.

C’est une soirée de très haute volée à laquelle nous avons assisté. Et le public ne s’y est pas trompé en réservant une ovation debout à Natalie Dessay et Philippe Cassard qui concèdent deux bis : la très belle et courte mélodie de Gabriel Fauré (1845-1924) « Après un rêve » et « Tu m’as donnée le plus doux rêve » extrait de Lakmé de Léo Delibes (1836-1891).

Pour suivre le festival de Chambord, c’est par ce lien.

Visuel : © Simon Fowler

L’agenda de la semaine des vernissages de la semaine du 7 juillet
[Karlovy Vary Film Festival] « You have to come and see it » : La nouvelle réalisation de Jonas Trueba
Hélène Biard

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration