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L’Orchestre du Nouveau Monde donne un concert magistral au château de Chambord

L’Orchestre du Nouveau Monde donne un concert magistral au château de Chambord

16 July 2023 | PAR Hélène Biard

Le festival de Chambord et Vanessa Wagner, sa directrice artistique, donnent régulièrement leur chance à des jeunes musiciens prometteurs. L’Orchestre du Nouveau Monde a parfaitement relevé le défi en donnant un concert somptueux dont le cœur était Pierre et le loup de Sergueï Prokofiev.

Fondé en 2020, l’Orchestre du Nouveau Monde est un orchestre à vocation formatrice (mais également écologique et sociale) puisque tous ses musiciens sont en fin de parcours dans des Conservatoires à Rayonnement Régional ou dans les deux Conservatoires Nationaux Supérieurs de Musique et de Danse. Lors de leur résidence à Blois qui s’est déroulée pendant une dizaine de jours, ils ont travaillé sur un programme « étrenné » à Chambord et qu’ils donneront aussi à Saumur et à Azay-le-Rideau. Ils ont aussi réfléchi à la place des compositrices dans l’histoire de la musique et aux moyens de mettre en place des actions à leur niveau pour tenter de réduire leur empreinte carbone.

L’Orchestre du Nouveau Monde entame le concert en donnant, au public une sérénade très cuivrée. En effet les pupitres des bois et des vents, installés de part et d’autre des spectateurs ont salué, sous la direction du très jeune et très sympathique Étienne Jarrier, une soirée qui s’annonce exceptionnelle. Après les habituelles consignes, le chef s’installe sur le podium pendant que l’un de ses musiciens, ou plutôt l’une, présente la réflexion des musiciens sur la place des femmes et des compositrices dans l’histoire de la musique. Suit un mouvement de la deuxième symphonie en mi mineur de la compositrice Émilie Mayer (1812-1883). Dès les premières notes, nous avons pu apprécier la direction virevoltante mais ferme et précise d’Étienne Jarrier qui prend un véritable plaisir à faire de la musique.

Pour interpréter le premier mouvement de l’unique concerto pour violon et orchestre en ré majeur de Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893), c’est la violoniste Agnès Marias qui rejoint l’orchestre et le chef sur le plateau. Si la difficulté du chef d’œuvre de Tchaïkovski est connue de longue date, on apprécie l’exceptionnelle virtuosité de Marias qui interprète avec une sûreté de métier peu commune ce concerto remarquable. Quant à Jarrier il dirige de main de maître un orchestre visiblement survolté.

Mais le centre du programme est bien Pierre et le loup de Sergueï Prokofiev (1891-1953) ; fidèle à son engagement contre le réchauffement climatique, le texte a été réécrit pour montrer les dégâts catastrophiques de la canicule et des incendies de forêts. La voix chaleureuse de Constance Régina s’élève sans efforts sous l’immense tivoli installé dans la cour ou les concerts ont lieu.

Pour terminer la soirée, l’Orchestre du Nouveau Monde interprète le dernier mouvement de la symphonie N°9 en mi mineur « du nouveau monde » d’Antonin Dvorak (1841-1904). Pour parler de cette œuvre mythique, c’est Étienne Jarrier qui prend la parole ; et il en parle avec un enthousiasme communicatif. Il profite aussi de l’occasion pour signaler que si quelques musiciens sont des professionnels, la plupart d’entre eux sont bénévoles. Comme annoncé par le chef d’orchestre, les musiciens tombent la partition ; c’est l’occasion de vérifier, encore une fois, que ces jeunes gens sont des musiciens brillants qui n’ont rien à envier aux meilleurs orchestres en activité. Cette symphonie du nouveau monde est interprétée tambour battant par un chef survolté. Et c’est une ovation debout qui salue la fin du concert tant la performance réalisée est de toute beauté.

C’est un concert digne des meilleurs que l’Orchestre du Nouveau Monde a donné en ce beau jeudi soir de juillet. L’accueil plus que chaleureux des festivaliers, venus nombreux au château de Chambord, a poussé la phalange à concéder deux bis dont un, très jazzy, qui nous a permis de voir un Étienne Jarrier plein d’humour, sourire coquin aux lèvres.

Visuels © Stéphanie Carles

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Hélène Biard

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