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Festival de Saintes : Le Jeune Orchestre de l’Abbaye ouvre l’édition 2023 avec talent

Festival de Saintes : Le Jeune Orchestre de l’Abbaye ouvre l’édition 2023 avec talent

17 July 2023 | PAR Hélène Biard

Le Jeune Orchestre de l’Abbaye donne trois ou quatre concerts par an, dont un pendant le festival de Saintes. Ce fut le cas le samedi 15 juillet ou la jeune phalange était placée sous la direction énergique d’Hervé Niquet, le nouveau directeur artistique de la manifestation.

Le Jeune Orchestre de l’Abbaye n’est jamais complètement le même, car s’il y a un « noyau dur » d’une dizaine de musiciens chevronnés, les musiciens, qui constituent la partie principale sont recrutés sur dossier en France et à l’étranger. Les jeunes instrumentistes qui intègrent l’orchestre sont tous en fin de parcours étudiant ou en tout début de parcours professionnel. Cela leur permet de jouer sous le direction de chefs à chaque fois différents. Ainsi, par exemple, Marc Minkowski, Hervé Niquet, François Xavier Roth, David Stern ou Amandine Beyer ont dirigé, une ou plusieurs fois depuis sa fondation en 1996, le Jeune Orchestre de l’Abbaye. Pour le concert d’ouverture de l’édition 2023 du festival de Saintes, c’est Hervé Niquet qui dirigeait la phalange, huit ans après son dernier passage dans les lieux. Et il est arrivé à Saintes avec un programme original, qui contient plusieurs œuvres jamais créées en France montées en collaboration avec le Palazzetto Bru Zane qui œuvre très activement à la défense du répertoire français.

Des œuvres instrumentales qui méritent d’être connues

Hervé Niquet a programmé des œuvres originales (allant de la valse à la symphonie) composées par des hommes et des femmes qui méritent ou mériteraient d’être sous le feu des projecteurs. Ainsi le chef dirige-t-il avec une belle fermeté une suite de danses de Mel Bonis (1858-1937) ; cette musique primesautière résonne avec élégance dans la salle du Gallia Théâtre ou se déroule le concert. De Henri Duparc (1848-1933) l’orchestre interprète une œuvre assez courte mais charmante : Aux étoiles ; jamais jouée jusqu’à ce concert et interprétée avec talent par un orchestre sur-motivé par son chef du jour, Aux étoiles séduit le public venu nombreux en ce samedi soir. Avec la Symphonie gothique, nous avons l’occasion de découvrir une œuvre instrumentale méconnue de Benjamin Godard (1849-1895).

Marie Perbost

Marie Perbost dans une forme vocale étincelante

Pour interpréter les extraits d’opéras et d’opérettes choisis par Niquet pour cette soirée exceptionnelle, il a invité la très belle soprano Marie Perbost. Si elle interprète avec simplicité la lettre de La Périchole, elle brille de mille feux dans celui de La grande duchesse de Gerolstein « Ah ! Que j’aime les militaires », un air pendant lequel Hervé Niquet ne peut s’empêcher de faire un peu d’humour. Mais à côté de ces tubes, elle interprète aussi des morceaux jamais interprétés du vivant de leurs compositeurs. Avec l’air de La diva, extrait de l’opérette du même nom de Jacques Offenbach (1819-1880), Perbost caricature avec talent une diva excentrique et capricieuse. Toujours d’Offenbach, Marie Perbost chante ensuite un extrait de Robinson Crusoé avec le même plaisir gourmand, accompagnée d’une main ferme et dynamique par un Hervé Niquet survolté. Ce concert est aussi l’occasion de découvrir d’autres mélodies inconnues comme par exemple « La boulangère a des écus » ou encore « Dragonette ». La diction de Perbost est impeccable, et on ne peut qu’apprécier d’écouter Offenbach, Godard et Duparc sans avoir besoin de tendre l’oreille pour tenter de comprendre ce qu’elle chante. Quant à la voix, elle est maîtrisée avec une sûreté de métier incomparable ; le médium et les graves sont superbes et les aigus, lancés sans aucun effort, sont étincelants.

C’est donc un concert d’ouverture de très belle tenue auquel nous avons assisté au Gallia Théâtre en ce samedi soir et l’on peut dire qu’avec Hervé Niquet, le Jeune Orchestre de l’Abbaye et Marie Perbost, le festival de Saintes a commencé sous les meilleurs hospices.

Visuels : Marie Perbost © Pauline Darley ; Hervé Niquet © Henri Buffetaut.

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Hélène Biard

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