Musique
Monstres sacrés au Collège des Bernardins : Alan Vega et Marc Hurtado

Monstres sacrés au Collège des Bernardins : Alan Vega et Marc Hurtado

02 April 2013 | PAR Smaranda Olcese

garcia_aLe 28 mars dernier, Alan Vega était très attendu sous la nef du Collège des Bernardins. A plus de 70 ans, l’artiste new-yorkais suscite, depuis sa rétrospective au Musée d’art contemporain de Lyon en 2009, un engouement sans précédent en France.

Le réalisateur Philippe Grandrieux avait demandé à Alan Vega de composer la bande originale de son premier long-métrage, Sombre. L’affaire remonte à 1999. Trois ans après, Marc Hurtado signait la musique de La Vie nouvelle, second long-métrage du réalisateur. En 2006, Susan Stenger était chargée de composer la bande son couvrant les 96 jours de  l’exposition Soundtrack for an Exhibition, présentée au macLYON. Parmi les musiciens dont elle s’était entourée : Alan Vega. Trois ans plus tard, sous le titre Infinite Mercy, s’ouvrait la première rétrospective de l’œuvre de l’artiste, composée d’un large ensemble d’œuvres créées depuis 1971 et The Project of Living Artist à Manhattan. Ainsi, les sculptures lumineuses ou encore un ensemble inédit de dessins et de peintures. Une installation lumineuse monumentale était créée pour l’occasion. Marc Hurtado réalisait un film sur l’exposition et sa rencontre avec Alan Vega se concrétisait en 2010 par l’album Sniper. Une série de concerts font l’événement en France. Après le Lieu Unique à Nantes ou la Gaité Lyrique, c’est au Collège des Bernardins de les accueillir pour une soirée Monstres sacrés. Alan Vega est invité pour des expositions personnelles par agnès b. – Musique Plastique, en 2011 –  et Laurent Godin – Holy Shit, en 2012. Les éditions du Texte Vivant viennent de publier Alan Vega, conversation avec un indien, rock-book qui mêle film, textes (d’Alexandre Breton) et photos (de Pierre René-Worms) dans une monographie polyphonique. agnès b., Dirty Beaches, Marc Hurtado, Christophe ou encore Martin Rev se prêtent à une lecture nomade, urbaine, poétique qui embrasse une œuvre foisonnante.

Une lumière acide aux saturations venimeuses se répand sous les voutes du Collège des Bernardins. La nef sera bientôt gagnée par de profondes infra-basses. Des nappes électroniques se superposent, percées par les interventions vocales d’Alan Vega. Marc Hurtado disloque des masses sonores aux pulsations brutales et efficaces. Le rythme s’accélère et l’emporte – Sacrifice, Vision… les morceaux s’enchainent aux accents lancinants, rudes, d’une sombre beauté. Réfugié sur son trône, Alan Vega semble par moment assister à un déchainement d’énergie qui lui échappe.  Il fut un temps où ses prestations scéniques jusqu’au-boutistes lors des concerts de Suicide le révélaient comme un performeur incontrôlable, meneur avec Martin Rev d’une électro minimaliste et agressive qui a marqué toute une époque. Sa voix est désormais caverneuse, ses halètements ont perdu leur envoutante sensualité. Dans le brouillard doré qui obscurcit la vue, nous pouvons invoquer l’Alan Vega de Dream Baby Dream ou alors nous laisser emporter par la noise puissante, abrasive et poétique de Marc Hurtado.dom_garcia

 

visuels © Dom Garcia, Mathieu Perez

Collège des Bernardins

28 mars 2013

 

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Smaranda Olcese

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