Danse
La course de “900 Something Days Spent in the XXth Century” de Némo Flouret

La course de “900 Something Days Spent in the XXth Century” de Némo Flouret

05 October 2022 | PAR Margot Wallemme

Après avoir travaillé dans des entrepôts ferroviaires et des usines désaffectées, c’est dans l’édifice industriel “Les Chaudronneries de Montreuil” que Némo Flouret a proposé sa première création : 900 Something Days Spent in the XXth Century. Némo Flouret et son équipe prennent possession du lieu dans une course de corps-machines infernale et hypnotisante. Les neuf performeurs et danseurs s’entrainent dans un concours à l’obsolescence où chaque mouvement se répète et chaque cycle meurt. 

A la poursuite de quelque chose

En guise de prologue, une femme entre sur scène, sa tenue et son drapeau faisant allusion au départ d’une course de rallye. Elle s’embarque dans un discours qui dévisse, comme atteinte par un bug cérébral, un ordinateur aux fichiers corrompus.

Puis, un par un, les danseurs viennent peupler la scène, se rejoignant en duos, en trios. Sans que l’on s’en aperçoive, la course commence, chaque danseur esquisse ses propres mouvements, entre en connexion avec les autres, en courant au travers de l’immense espace de jeu. Ils poursuivent on ne sait quoi, ils se rencontrent on ne sait où, dans un rythme qui s’accélère.

Une obsolescence programmée dans des corps effervescents 

L’œil du spectateur fuse d’un danseur à l’autre, le mouvement est partout, rapide, il s’accélère. On est dans l’urgence, les gestes sont fulgurants, puis se stoppent soudainement. Tous les danseurs sont alors regroupés dans un coin, prêts à s’élancer. Ils attendent qu’un nouveau départ soit donné.

Et le cycle reprend, puis meurt, puis se répète à mesure que des bobines magnétiques déferlent sur le sol. La boucle est infernale, elle est répétée, telle un rituel machinique ressassé qui pourtant n’est jamais le même. On aboutit finalement à des tableaux figés, éclairés par des lumières cinétiques. 

Une beauté commune aux idées entremêlées

On n’aboutit jamais au sens, les corps dysfonctionnent, s’entraident et se trahissent. On se perd et se retrouve dans le langage des corps ni humains ni machines, on est éblouis et aveuglés par les lumières. On comprend le message même si celui-ci n’est pas si facilement saisissable, car écrasé dans l’accélération et la frénésie folle des mouvements.

Alors on s’en remet à la beauté, une beauté qui inonde cet espace si particulier. La mise en scène utilise les anciens rails, les poteaux de fer, et les danseurs se meuvent d’une façon étrangement naturelle dans ce lieu industriel. 

La première œuvre du jeune artiste chorégraphe Némo Flouret hypnotise, les idées fusent. On ressent réellement sa volonté de mener une aventure collective. Les performeurs sont liés par le regard, par les mouvements. Chacun a trouvé son mouvement répétitif, personnel, mais tous dialoguent communément. 

Némo Flouret est à retrouver au Louvre, en novembre, pour la création Forêt. Il assistera alors Anne Teresa de Keersmaeker !

Visuels : ©Kenji Meunier

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Margot Wallemme

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