Danse
Le Hasard se danse à la MC93

Le Hasard se danse à la MC93

27 May 2023 | PAR Margot Wallemme

La pièce de Pierre Rigal fait danser le hasard par six personnages colorés dont les corps se décomposent et se composent dans des univers où le sens est abstrait. Téléportés dans un monde presque virtuel, fait de gestes et de sons, on observe le jeu du hasard et du destin. Le spectacle joue sur l’illusion et cherche l’aléatoire dans l’automatique de manière hypnotisant. 

Un jeu avec l’algorithme du destin

Les passages en diagonale sur fond de stroboscope sonore ouvrent la pièce pour nous immerger dans un monde différent du nôtre. Tout se répète, s’accumule, jusqu’à la collision. Comme un bug dans l’algorithme, les personnages s’évitent jusqu’à ce qu’ils se percutent. Leurs directions aléatoires mènent à l’impact du hasard. Métaphore de la vie et du destin, la pièce met en scène le possible, elle dilue les formes, et rigidifie les corps.

Parfois les personnages deviennent anguleux ou miment un robot humanoïde, parfois ils deviennent fous et cherchent la chute dans la course, tentent le destin. On se téléporte d’univers en univers, on cherche le sens à ce que l’on voit. 

Et si cela en avait été autrement ? 

Les moments très humains viennent rompe avec le caractère robotique d’autres scènes. Les différents tableaux entrecoupés jouent parfois de la narration, on s’attache alors à l’histoire de personnages qui s’esquivent jusqu’à ce qu’ils se rencontrent. Puis le rythme s’accélère, l’instant est rejoué, il ne suffit que d’un détail pour tout changer. Les amants ne sont plus les mêmes, ils se sont perdus ou ne se sont jamais trouvés.

Pierre Rigal cherche à mettre en question le destin, le libre-arbitre et l’existence d’une puissance supérieure. Tout pourrait être différent mais nous ne connaissons pas l’autrement, nous ne vivons que ce qui est là, maintenant. 

Un spectacle hypnotisant

Le jeu sonore soutient toute la pièce, et amène l’humour au spectacle. Des néons lumineux flottent dans les airs, les danseurs s’amusent avec l’optique. Chaque personnage a sa personnalité, chaque danseur sa technique de prédilection. On est hypnotisés par ces gestes qui viennent de partout et par l’énergie qui se dégage de la performance. 

 

Le Hasard est dansé à la MC93 jusqu’au 28 mai. 

 

Conception : Pierre Rigal
Avec : Yohann Baran, Clara Bessard, Carla Diego (remplacée par Emma Rouaix), Camille Guillaume, Mathilde Lin, Elie Tremblay
Musique : Gwenaël Drapeau
Lumière : Frédéric Stoll

Visuels : ©V. Beaume

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Margot Wallemme

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