Jazz
Robin Mansanti ou la consécration du petit prince du jazz 

Robin Mansanti ou la consécration du petit prince du jazz 

25 April 2023 | PAR Geraldine Elbaz

Les 18 et 19 avril derniers au Sunside, entouré de la crème de la crème des musiciens, Robin Mansanti, chanteur et trompettiste, présentait pour la première fois sur scène son album Nuit Américaine. Accompagné par Laurent Courthaliac au piano, Hugo Lippi à la guitare, Thomas Bramerie à la contrebasse et Gautier Garrigue à la batterie, le chanteur a offert au public deux concerts d’exception, sous le signe du talent, de la beauté et de la générosité.

Quand la magie opère

Imaginez un Sunside rempli à craquer. Imaginez un public fébrile, impatient de découvrir en live les morceaux écoutés en boucle de l’album Nuit Américaine (LP345), sorti le 3 mars 2023. Imaginez un quintet de choix élégant, raffiné, virtuose. 

Robin Mansanti, tout de noir vêtu, barbe de trois jours et mèches brunes rebelles, arbore un regard intense et ténébreux quand il monte sur la scène du célèbre club de jazz de la rue des Lombards. Un accord de piano retentit, majestueux, impeccable : l’impulsion de départ est donnée. Les yeux du chanteur se ferment et ses doigts s’enroulent autour du micro. Sa voix douce et mélodieuse se déploie dans l’espace. Le public retient son souffle. « Lonely Town » sera le premier morceau joué. 

Portée par les accords suaves du piano, par la mélodie enchanteresse de la guitare, par les pizzicati enjôleurs de la contrebasse et soutenue par la rythmique envoûtante de la batterie, la voix de Robin Mansanti se mêle aux instruments et touche le public en plein cœur. Le temps suspend son vol, la poésie s’engouffre partout. Le quintet nous embarque vers de nouveaux rivages, propage une onde vibratoire intense et déverse sur l’auditoire ses flots harmonieux. 

De la beauté avant toute chose

« By the time I Get to Phoenix », « Stranger in Paradise », « Moonlight Serenade », « Two For The Road », les titres chantés en anglais de l’album Nuit Américaine sont un ravissement absolu. L’exaltation est palpable, les oreilles frétillent et les cœurs battent à l’unisson. 

« I Spend My Days », la composition incontournable du chanteur qui résonne déjà comme un standard, nous bouleverse totalement. On savoure avec une délectation rare ses accords, sa mélodie, ses harmonies, qui font écho aux « Feuilles Mortes » de Kosma. Le chant de la trompette est très doux, velouté. Il y a là tout le romantisme de Robin Mansanti, sa sensibilité, cette exquise douceur qui nous enveloppe de velours. Comment ne pas succomber ?

« L’étang », « Quand tu dors près de moi », « Tendre rêve », les titres chantés en français revêtent un charme tout particulier. Les jolis mots déposés avec délicatesse sur les notes, à moins que cela ne soit l’inverse… comme des gouttes de rosée sur des pétales de roses : « Là, le ciel, pour quelques instants / Garde encore de l’or dans ses yeux / Une étoile brille au fond de l’étang pour les amoureux ». 

Moment de grâce 

Puis arrive ce moment où, en duo avec Hugo Lippi à la guitare, il se passe quelque chose d’unique : « Spartacus – Love Theme ». Composé par Alex North pour le film de Stanley Kubrick sorti en 1960, ce thème puissant repris par les plus grands (Yusef Lateef, Ahmad Jamal, Bill Evans, Herbie Hancock…) convoque le merveilleux et le sensible. Nos sens sont aux aguets, nous sommes dans l’instant présent à 100% et les émotions sont décuplées.

Lorsque Camille Bertault rejoint les artistes sur scène pour interpréter « New York Herald Tribune » de Martial Solal, on visualise en filigrane les balades parisiennes de Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg dans À bout de souffle de Jean-Luc Godard. Les voix langoureuses des chanteurs s’entremêlent, se questionnent et se répondent magnifiquement.

Tout simplement irrésistible. 

Les prochaines dates sont déjà annoncées au Sunside les 9 et 10 juin, à ne rater sous aucun prétexte. 

Visuel : (c) GE 

Robin Mansanti 

Nuit Américaine 

Sunside

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Geraldine Elbaz
Passionnée de théâtre, de musique et de littérature, cinéphile aussi, Géraldine Elbaz est curieuse, enthousiaste et parfois… critique.

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