Porgy & Bess revisité par André Ceccarelli, Pierre-Alain Goualch et Diego Imbert
Le 9 décembre dernier, le Bal Blomet mettait Gershwin à l’honneur avec l’opéra Porgy and Bess réinterprété par un trio prestigieux : André Ceccarelli à la batterie, Pierre-Alain Goualch au piano et Fender Rhodes ainsi que Diego Imbert à la contrebasse. Une soirée sous le signe du talent et de la sensibilité.
Un opéra des frères Gershwin
Qui ne connait pas Summertime, l’un des morceaux de jazz les plus joués au monde ? Près de 100 000 versions auraient été répertoriées à ce jour. Interprétée par Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Louis Armstrong, Miles Davis, Norah Jones et bien d’autres encore, cette chanson est un standard absolument incontournable du jazz d’hier et d’aujourd’hui. Saviez-vous que ce titre était extrait de Porgy and Bess, un opéra en trois actes, composé par les frères Gershwin, Ira et George, en 1935 ?
Œuvre d’envergure internationale, l’opéra de plus de trois heures est à l’origine une adaptation de la pièce de théâtre intitulée Porgy (Broadway, 1927) qui sera portée à l’écran en 1959 par Otto Preminger avec Sidney Poitier et Dorothy Dandridge dans les rôles titres. La version cinématographique, s’apparentant plus à une comédie musicale qu’à un opéra, sera interdite mais l’œuvre d’origine perdurera et inspirera les plus grands jazzmen.
Porgy and Bess se passe donc dans les années 1930, en Caroline du Sud, dans le quartier fictif de Catfish Row, pendant l’été et raconte l’histoire de Porgy, un mendiant noir estropié qui tente de sauver Bess des griffes de Crown, un dealer alcoolique et violent qui veut la prostituer. Musicalement, cet opéra est un savoureux mélange d’orchestrations européennes, de jazz américain et de musique populaire.
Porgy & Bess en trio ?
Mais revenons à la proposition artistique faite par le trio composé d’André Ceccarelli, de Pierre-Alain Goualch et de Diego Imbert, dont l’album Porgy & Bess (Trebim Music), sorti le 12 novembre 2021, vous offre 13 titres assez exceptionnels.
Imaginez un équilibre parfait entre batterie, contrebasse et piano ou Fender Rhodes. Imaginez les plus jolies mélodies de Gerswhin réinventées, retravaillées avec des arrangements complètement nouveaux, des sonorités pures et lumineuses, des accords sublimes, une rythmique entraînante…
Prenez un pianiste virtuose au jeu fluide et au toucher de velours, ajoutez des cordes pincées de contrebasse, aux sons graves et profonds qui vous envoûtent, choisissez un batteur délicat et subtil qui impulse une dynamique somptueuse à l’ensemble.
Vous découvrirez le fameux Summertime comme vous ne l’avez jamais entendu : d’une douceur rare, porté par une contrebasse très inspirée, accompagnée par un Fender lyrique qui vous enveloppe de beauté, le tout soutenu par une batterie aux mille nuances.
Vous retrouverez aussi I Ain’t Got No Shame : les accords, la rythmique, les arrangements, tout est magnifique. Soulignons ici le bonus du live avec en guise d’introduction un solo magistral d’André Ceccarelli… pur moment de délectation.
Certains morceaux, langoureux et apaisants, nous plongent dans une sorte de rêverie mélancolique (Bess, You Is My Woman, Now, I Loves You, Porgy, My Man’s Gone Now). D’autres plus stimulants, vous embarquent dans un swing endiablé, comme There’s a Boat That’s Leaving Soon for New York ou Gone (G. Evans).
Un très beau voyage.
Visuel : (c) pochette album
Porgy & Bess
André Ceccarelli, Pierre-Alain Goualch, Diego Imbert
Le 9 décembre au Bal Blomet, 20h
