[Live report] Dirty Live Night à la Maroquinerie, vendredi dernier
Ambiance moite vendredi dernier pour la soirée de l’excellent label français Dirty à la Maroquinerie. Après Savages et Lescop la veille, la salle de concert accueillait du lourd avec la pop nocturne de Perez, les nappes enivrantes de Tristesse Contemporaine et l’electro plutôt classieuse de Discodéine. Il s’agissait de ne pas rater cette soirée.
Pop française nocturne
Un vendredi sous le soleil et ses rayons cramés, c’est l’occasion d’aller écouter une musique sortie tout droit des fastes et glorieuses années 80 et magnifiquement digérée par nos contemporains mélancoliques de 2013. Projet de l’ancien leader du groupe Adam Kesher, le duo sobrement baptisé Perez est le premier à s’élancer. Les mots français de Julien Perez résonnent dans une salle pas vraiment remplie et s’envolent joliment sur une instru électro efficace, le tout formant une agréable pop française nocturne. Le chanteur affiche une belle présence sur scène. Une voix grave et habitée résonne dans un micro tendu vers le ciel. La prose est simple mais sensible et pleine d’images urbaines. La justesse de ‘Crâmer’ pourrait même évoquer la pop sublime de Christophe version Paradis Perdu alors que l’excellent titre ‘Le prince noir’ nous surprend à taper du pied sur le parquet de la salle parisienne. À suivre de près.
Tristesse de l’époque
Pas tout à fait 21h30, c’est l’heure pour le trio de Tristesse Contemporaine de s’emparer du mic maroquinien. Le public semble attendre avec excitation son shoot de mélancolie dansante. Ça tombe bien, ces tristes contemporains exilés dans une ville nommée Paris sont accompagnés pour l’occasion d’une vraie batterie et les gars ne sont pas du genre à déconner lorsqu’ il s’agit de faire groover leur cold wave enivrante .. Le concert commence par ‘Uptown Top Ranking’, un titre sur lequel Maik, le chanteur masqué, chuchote un flow flippant et saccadé. L’ambiance est définitivement posée lorsque retentissent les premiers coups de charley et les inaugurales notes de basse de ‘Daytime Nighttime’, un morceau lent à la mélancolie simple, un flash au ralenti de souvenirs en violet-gris. Le public s’énerve un peu avec un ‘Empty Hearts’ qui sonne très Joy Division et dont la fin se révèle des plus jouissives. Les nappes se mêlent une à une et la présence du batteur prend ici tout son sens. Les morceaux s’enchaînent avec notamment la froideur d’ ‘Hell in Other People’, le tube ‘I Didn’t know’ qui fait évidement un tabac, et quelques morceaux du nouvel EP Woodwork, sorti le mois dernier, à teinte légèrement plus disco.
Le set est carré, le son krautrock propre et puissant, la guitare sobre mais parfaite. Les gars ont clairement de l’allure et sont à la bonne distance d’un public plutôt réceptif. Tristesse Contemporaine c’est un peu le groupe de l’époque, une cold moderne suave et efficace, une mélancolie simple mais racée.
Night Club
C’est au tour du duo d’électro français Discodéine de venir enflammer la nuit chaude. La maroqu’ bondée est à bloc pour l’arrivée des DJ français et de leur batteur. Leur son classieux et addictif monte en puissance et la salle se transforme peu à peu en un club excité et couvert de sueur. Une marée de kids et de moins jeunes aux dents serrées dansent face à la scène et remuent aux sonorités de beat et de samples hypnotiques. Une prestation maîtrisée et de grande qualité de la relève de l’électro française.
Photos (c) : Yann Morrison et visuels officiels