![[Live Report] L’Ensemble Modern et Sabine Devieilhe à la Philharmonie](https://toutelaculture.com/wp-content/uploads/2015/04/sabine_devieilhe_1a_c_jensupaph-841x1024.jpg)
[Live Report] L’Ensemble Modern et Sabine Devieilhe à la Philharmonie
Le Festival d’Aix-en-Provence s’invite une nouvelle fois à la Philharmonie de Paris (nous nous souvenons encore de la soirée des lauréats HSBC) pour un concert mettant en avant des compositions modernes, voire contemporaines. La salle loin d’être remplie montre un intérêt mitigé du public pour ce genre de musique malgré la présence ô combien alléchante de la soprano Sabine Devieilhe.
Les musiciens s’installent sur scène dans des tenues colorées et détendues, confirmant à chacun que nous ne sommes pas là pour un spectacle classique. Le premier morceau semble pourtant vouloir faire le pont entre classique et contemporain : il s’agit du Ricercar à 6 voix extrait de L’Offrande musicale BWV 1079 transcrite par Webern en 1934-1935 à partir de l’œuvre originale de Bach datant de 1747. On a tout de fois un peu de mal à retrouver Bach dans cette retranscription, ce qui montre à quel point Webern est parvenu à se l’approprier. Le seul petit problème qui se pose alors est celui de la partition : les cordes se font un petit peu dévorées par l’ensemble des vents et on les devine parfois plus qu’on ne les entend.
La seconde œuvre est de György Ligeti, Kammerkonzert [Concerto de chambre] pour treize musiciens, date de 1970 et se compose de quatre mouvements dont le premier, corrente, rappelle étrangement l’esprit de L’Oiseau de feu. Le deuxième est calmo sostenuto avant d’enchaîner sur un movimento preciso e meccanico. Lors de ce mouvement, les oreilles peuvent être mises à mal non par les musiciens mais par la partition aux airs parfois quelque peu cacophonique, certainement du fait que chaque instrumentiste tient sa propre pulsation. Enfin, le quatrième mouvement clôt l’œuvre sur un presto synthétisant les trois temps précédents et il est intéressant de noter que chaque mouvement est dédicacé : le premier pour Maedi Wood, le deuxième pour Traude Cerha, le troisième pour Friedrich Cerha et le quatrième et dernier pour Walter Schmieding. Il ne faut alors pas moins de trois saluts pour mettre fin à cette première partie de soirée entièrement instrumentale.
Ne nous le cachons pas, toute la salle attend alors d’entendre Sabine Devieilhe chanter Trojahn, d’autant plus qu’elle avait déjà chanté lors de la création de ces œuvres en juillet dernier lors du festival d’Aix-en-Provence. Sur ce point, nous ne serons pas déçus : la virtuosité vocale et la soprano s’adapte avec une impression de facilité déconcertante et le premier chant composé en 2014, L’Eternité à Lourmarin, pour soprano et ensemble, est techniquement très impressionnant. Suit Contrevenir, pour soprano et piano, extrêmement court mais parfaitement et logiquement lié au Contrevenir pour ensemble très plaisant. La direction de Michael Boder est alors assez amusante car elle ferait penser, uniquement par sa gestuel, à la gestion de la circulation !
La soirée termine ensuite par L’Allégresse, pour soprano et ensemble qui permet un véritable moment de grâce par la conclusion où seule la voix de Sabine Devieilhe résonne. Comme l’a dit une des spectatrices présentes : « C’est fou d’avoir une voix comme ça ! ». Il faut bien admettre que l’artiste n’est pas étrangère au succès de la soirée lors des applaudissements.
Dommage que le public n’ait pas répondu plus présent à cette invitation, car cette soirée à la technique musicale et vocale impressionnante permettait de rendre la musique contemporaine assez accessible, surtout pour celles et ceux qui ne sont pas adeptes à ce genre habituellement.
© Jensupaph