Polars
« Requiem » de Tony Cavanaugh : Un polar australien enfiévré

« Requiem » de Tony Cavanaugh : Un polar australien enfiévré

19 May 2019 | PAR Julien Coquet

Sous tension sur plus de 300 pages, Requiem est un thriller qui se dévore, lorgnant loin des plages paradisiaques de l’Australie pour se concentrer sur les cauchemars de la Gold Coast.

Beaucoup rêvent des paysages de cette Gold Coast qui n’est plus sauvage depuis plusieurs dizaines d’années : des plages de fin sable blanc, le soleil qui tape, des vagues pour surfer. En Australie, cette région est le prototype même de la carte postale. Au moment où les jeunes lycéens australiens viennent vers la fête par milliers, comme lors des Springbreaks aux Etats-Unis, les villes se remplissent de fêtards, les boîtes de nuit sont pleines et les habitants à l’année doivent slalomer entre les jeunes qui vomissent leur alcool ingurgité en masse. Le paysage paradisiaque se ternit, et Requiem donne le coup de grâce.

Ancien flic des homicides de Melbourne, Darian Richards reçoit un appel paniqué d’une fille qu’il a sauvé des mains d’un terrible tueur en série : « Darian, il faut venir. Vous seul pouvez m’aider. Il y a tellement de corps ! » La conversation est coupée. Darian, que la perspective de la retraite ne semblait pas réjouir tant que ça, s’empare de l’enquête comme d’un sacerdoce : se rendant sur les lieux de l’appel géolocalisé, il y découvre deux corps de très jolies jeunes filles. Une traque s’ensuit pour découvrir vraiment ce qui se cache derrière ce « il y a tellement de corps ».

Malgré un titre un peu pâle, Requiem est un thriller qui lorgne du côté de Michael Connelly. Très sombre et très factuelle, la plume de Tony Cavanaugh donne de beaux portraits et un face-à-face tendu entre le policier et le meurtrier. Très vite, on apprend que Starlight, magnifique Brésilienne, se trouve derrière le meurtre des filles. Alternant les points de vue à la première personne, il s’ensuit un jeu du chat et de la souris entre Darian et Starlight qui ne pourra qu’aboutir à un duel final sous tension. Ce polar au pays des kangourous se lit d’une traite.

« La découverte des cadavres de deux filles dans une forêt des environs n’avait pas eu beaucoup d’effet sur les milliers de jeunes qui nous entouraient. Généralement, ce genre de nouvelle crée un climat de peur. Qui commençait sûrement à atteindre leurs parents, où qu’ils se trouvent. Mais pas ces rues, pas cette plage, pas cette promenade, pas ces gosses. Ils se sentaient invincibles, taillés dans l’acier et le muscle ; rien ne les inquiétait. Parce qu’ils étaient ensemble, parce qu’ils formaient une foule. Ils étaient venus ici en groupes et ils restaient soudés, ce qui leur procurait un sentiment de sécurité. Si n’importe lequel d’entre eux s’écartait de la bande – et il était évident que tous le feraient à un moment ou un autre, puisque le but de la semaine des schoolies était justement de s’offrir une initiation, des rites de passages -, alors ça serait différent. Mais la foule offrait confort et réconfort, je ne pouvais m’empêcher de le penser, un faux sentiment de sécurité. »

Requiem, Tony Cavanaugh, Sonatine éditions, 384 pages, 21 euros

Visuel: Couverture du livre

“Un eschimese in Amazzonia” : un spectacle touchant sur la transidentité au Théâtre des Abbesses
Cannes 2019, Semaine de la critique : “La Danse du serpent” nous invite en terres de croyances sud-américaines
Julien Coquet

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration