Fictions
« Le Vicomte pourfendu » d’Italo Calvino : Le manichéisme fait homme

« Le Vicomte pourfendu » d’Italo Calvino : Le manichéisme fait homme

18 May 2019 | PAR Julien Coquet

Bénéficiant d’une nouvelle traduction chez Folio, le roman d’Italo Calvino se révèle toujours aussi plaisant, se concentrant sur la dualité de l’homme.

Quelle part de bonté en nous ? Quelle part de méchanceté et où se situe la limite ? Dans ce court roman, Italo Calvino explore la part de dualité de chaque homme par un conte humoristique. Le vicomte Medardo, en pleine guerre contre les Turcs, est fendu en deux par un boulet de canon. Une des deux moitiés est retrouvée, rafistolée et ramenée à la vie. Ce nouveau vicomte, ce demi-vicomte, revient au château de Terralba, où il se montre cruel et habité par la soif du mal. Mais quelques mois plus tard, alors que les habitants souffrent des sévices du vicomte, l’autre moitié, la bonne, revient, provoquant une série de quiproquos entre les deux vicomtes.

De cette idée simple, Calvino tire un roman amusant, démontrant que le juste milieu est toujours préférable à une entièreté méchanceté ou une entièreté bonté (« trop bon, trop con ») : « nous nous sentions perdus entre une méchanceté et une bonté également inhumaines ». Ce roman aux allures de conte philosophique et de fable remplit parfaitement le contrat dont parlait Calvino dans un entretien en 1983 : « Quelqu’un a acheté le livre, a payé avec ses sous, a investi de son temps, il doit s’amuser ».

« J’étais entier et chaque chose était pour moi naturelle et confuse, stupide comme l’air ; je croyais tout voir, et ce n’était que l’écorce. Si jamais tu deviens la moitié de toi-même, et je te le souhaite, mon garçon, tu comprendras des choses qui vont au-delà de l’intelligence commune des cerveaux entiers. Tu auras perdu la moitié de toi et du monde, mais la moitié qui te restera sera mille fois plus profonde et plus précieuse. Et toi aussi tu voudras que tout soit pourfendu et déchiré à ton image, car il n’y a pas de beauté, de sagesse et de justice que dans ce qui est mis en pièces. »

Le Vicomte pourfendu, Italo Calvino, Folio, 144 pages, 6,20€

Visuel : Couverture du livre

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