Fictions
« Le Dernier mouvement » de Robert Seethaler : Un Mahler n’arrive jamais seul

« Le Dernier mouvement » de Robert Seethaler : Un Mahler n’arrive jamais seul

31 May 2023 | PAR Julien Coquet

Court roman sur la vie de Gustav Mahler, Le Dernier mouvement intéresse pour les quelques scènes dépeintes.

Lorsqu’on pense à la musique de Gustav Mahler, on se souvient forcément de l’Adagietto de sa Cinquième symphonie, notamment utilisé ad nauseam par Visconti dans son film Mort à Venise (1971). Parmi les images marquantes du film, il y a celle du vieux compositeur Gustav von Aschenbach, emmitouflé dans une couverture sur la plage du Lido, mourant, regardant le jeune Tadzio, incarnant la beauté.

Impossible que Robert Seethaler n’ait pas pensé à cette image pour construire la trame de son roman centré sur la figure du compositeur Gustav Mahler. En 1911, à cinquante ans, Gustav Mahler se trouve lui aussi emmitouflé dans une couverture, sur le point supérieur de l’Amerika qui le conduit à New York. Malade, Mahler se remémore quelques instants de sa vie.

Le procédé du flashback, sans être novateur, fonctionne plutôt bien dans Le Dernier mouvement. Le livre nous fait revivre des rencontres marquantes pour Mahler (sa journée avec Freud, son après-midi à Paris avec Rodin) et des moments d’une infinie tristesse pour le compositeur (la mort de sa deuxième fille, la révélation de l’infidélité de sa femme Alma). En un peu plus de cent pages, Robert Seethaler n’a malheureusement pas le temps de dresser un véritable portrait de l’homme en tant que créateur. Seules les difficultés à composer la Neuvième symphonie et la création de la Huitième, dite « des Mille », sont évoquées. Seethaler préférer se concentrer sur le portrait d’un homme passionné par une certaine idée de la musique (« Non, on ne peut pas raconter la musique, il n’y a pas de morts pour ça. Dès qu’on peut décrire la musique, c’est qu’elle est mauvaise. »), amoureux de sa femme, père aimant et être inquiet par sa fragile santé.

« Il se jeta à corps perdu dans le travail. L’épisode du Metropolitan était définitivement clos, il n’y aurait pas de nouvel engagement au théâtre lyrique. Plus d’opéra, jamais plus. Finie la direction d’opéra, fini le bureau directorial dont la table croulait sous des montagnes d’insignifiances, auquel on pouvait venir à toute heure frapper, gratter, cogner, et où chanteurs et chanteuses se plaisaient à gémir, glapir et trépigner sur le parquet comme des enfants en bas âge. Désormais il ne serait plus question que de musique. »

Le Dernier mouvement, Robert SEETHALER, traduit de l’allemand (Autriche) par Elisabeth Landes, Gallimard, Collection Folio, 144 pages, 7,50 €

Visuel : Couverture du livre

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Julien Coquet

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