Cinema
The Highwaymen : la traque de Bonnie & Clyde sur Netflix

The Highwaymen : la traque de Bonnie & Clyde sur Netflix

31 March 2019 | PAR Pierre-Lou Quillard

« Vous avez lu l’histoire de Jesse James ? Comment il vécut … comment il est mort ? Ça vous a plus hein, vous en d’mandez encore ? Eh bien, écoutez l’histoire de Bonnie and Clyde »

On connaît tous ces premiers mots chantés par Gainsbourg en duo avec la sulfureuse Brigitte Bardot, en 1968. Reprenant les lignes originales de Bonnie, le duo de chanteurs incarne dans son clip le couple d’amants/criminels/braqueurs le plus mythique des Etats-Unis. Aucune coïncidence, la même année sortait en salles le Bonnie and Clyde d’Arthur Penn, chef-d’œuvre du 7 ème art. Faye Donnaway, impertinente et iconique, presque nue, enlaçant sensuellement Warren Beatty dans la chaleur de l’été : une tension sexuelle rarement vue au cinéma qui ne fût pas sans déplaire, on l’imagine, à toute une jeunesse rêvant d’émancipation et de libération sexuelle.

Cette semaine, c’est NETFLIX qui nous raconte de nouveau cette histoire à travers une relecture beaucoup moins valorisante du couple mythique, avec la sortie sur sa plateforme de The Highwaymen, réalisé par John Lee Hanckock (The Blind Side, Dans l’ombre de Mary). L’histoire est cette fois-ci présentée au travers du parcours des deux US Rangers chargés de les traquer pour les empêcher de nuire encore en les arrêtant, morts ou vifs… enfin plutôt morts que vifs. Bonnie and Clyde sont dépeints comme de purs assassins qui multiplient les victimes parmi les innocents qu’ils détroussent et assassinent, comme parmi les représentants de la loi dont les corps jonchent les routes poussiéreuses des états du sud américain. Biens loin des représentations « sexy » de la fin des années 60, le film ne se focalise pas du tout sur les deux amants qui restent des ombres sans visage durant la majeure partie du film. L’esthétique est elle aussi plus sombre, le ciel est nuageux, la réalité plus morbide.

Protégés et idolâtrés par toute une frange de la population qui voit en eux des Robins-des-bois des temps modernes qui pillent les banques des riches qui volent les pauvres, les deux agents aux méthodes peu orthodoxes peinent à leur mettre la main dessus. Kevin Costner incarne le très sérieux Texas Ranger Franck Hamer aux côtés de Woody Harrelson (True Detective, 3 Billboards) qui joue le rôle de Maney Gault, deux personnages qui ont véritablement traqué le couple hors-la-loi pour le compte de « Ma » Fergusson, la première gouverneure du Texas (en 1925) afin de mettre un terme à cette folie meurtrière et à l’engouement populaire qu’elle suscitait. Cette perspective historique est soulignée dans le générique final qui présente des photos d’époque. 

Plongée remarquable dans l’Amérique rurale en crise des années 30, Netflix a déboursé près de 50 millions de dollars pour ce film, le double de ce qu’avait obtenu John Lee Hanckock pour Le Fondateur, son film précédent (2016) sur l’histoire de Ronald Mc Donald.

Pour autant, ce film qui est somme toute une lecture moins romanesque, plus violente de l’histoire peine à nous faire oublier le film d’Arthur Penn et apparaît un peu plus terne en conséquence. Mais ce film a tout de même le mérite d’apporter une toute autre vision désacralisée sur le couple idolâtré qui fut copieusement massacré lors de son arrestation. 

 

The Highwaymen, mis en ligne le 29 mars 2019, John Lee Hanckock, disponible sur la plateforme NETFLIX.

 

Enfin, saviez-vous que Lulu Gainsbourg (le fiston) avait repris la chanson de son père avec Scarlett Johansson, en 2011 ? Voici une petite consolation pour ceux qui n’ont pas Netflix, pour les fans de Bonnie and Clyde ou ceux du grand Serge :

 

Visuel : ©Netflix

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