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Sharp Objects : la noirceur incarnée

Sharp Objects : la noirceur incarnée

06 December 2018 | PAR Loïs Rakotonoera

Sortie cet été par les studios OCS et HBO, Sharp Objects suit l’enquête de la journaliste Camille Preakers, incarnée par Amy Adams, revenant dans sa ville natale pour tenter de résoudre une histoire de meurtre.

Cette mini-série en 8 épisodes raconte le retour d’une journaliste complètement imbibée de vodka, dans sa ville natale pour couvrir un fait divers sordide : une adolescente est retrouvée morte et une autre disparaît. Poussée par son rédacteur en chef, elle repart alors à Wind Gap, dans l’Etat du Missouri, une ville où tout tourne autour d’un abattoir de porcs, qui appartient à sa mère, Adora. Mais pendant qu’elle mène l’enquête, ses névroses et son passé traumatique refont rapidement surface, d’autant que Camille s’identifie énormément à ses deux adolescentes. On est alors projetée dans son enfance durant lequel un terrible drame arrive et qui la poursuit mentalement mais aussi physiquement jusqu’à l’âge adulte. Car Camille porte ses souffrances sur sa peau et les exulte désormais au travers de l’alcool et de la solitude.

Un thriller complètement noir et terrifiant mais envoûtant. Si l’on peut trouver que l’intrigue est parfois lente, on est vite happé par ce personnage triste et énigmatique qu’est Camille et pas seulement. Sa mère Adora, jouée par une incroyable Patricia Clarkson, est une mère faisant constamment des reproches à sa fille, qui fait frissonner à mesure que l’histoire s’avance et qu’elle s’arrache les cils. Sa demi-sœur Amma, interprétée par la jeune Eliza Scanlen, est tout aussi mystérieuse que sa grande sœur et sa mère. Toutes les trois ont des choses à cacher. C’est la féminité dans toute sa noirceur, et c’est qui rend cette série d’autant plus intrigante.

Finalement, on s’intéresse moins à l’enquête qu’à la tourmente psychologique et psychiatrique de Camille, car Amy Adams est tout simplement éblouissante. Elle joue la noirceur, le désespoir et le sinistre à merveille. Elle est bien loin de son rôle de journaliste dans Man of Steel, complètement métamorphosée en femme abîmée et accentuée par cette ville maudite, Wind Gap, où le temps semble s’être arrêté. Jean-Marc Vallée à qui l’on doit la série Big Little Lies, ou encore Dallas Buyers Club, a réussi à nous plonger dans les traumatismes et la mémoire de Camille, au cœur d’une ville oppressante dans laquelle se trame une histoire bien plus compliquée qu’un simple meurtre et une disparition.

Une réelle réussite, d’autant que la fin vous laisse coi. Sharp Objects fait aujourd’hui partie des nominés des Goldens Globes dans la catégorie “meilleure mini-série”, ainsi qu’Amy Adams dans “meilleure actrice dans une mini-série” et Patricia Clarkson dans la catégorie “meilleure actrice dans un second rôle”.

 

Visuel : affiche officielle.

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