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Séance de rattrapage: les Marches du Pouvoir de Clooney, thriller politique efficace mais superficiel

Séance de rattrapage: les Marches du Pouvoir de Clooney, thriller politique efficace mais superficiel

12 November 2011 | PAR Gilles Herail

Le sympathisant démocrate Clooney complète sa jeune filmographie de réalisateur en traitant de nouveau le monde de la politique américaine. Tournant le dos à ses fantasmes nostalgiques (Jeux de Dupes et Good night and good luck), Mr George veut s’attaquer aux dessous d’une campagne et aux manigances pré électorales, faisant écho aux récentes tentatives françaises de décrire le monde du pouvoir (L’éxercice de l’état et la très peu fameuse Conquête). A l’arrivée, un film politique un brin superficiel qui dresse cependant le portrait émouvant d’un jeune loup plein de bonne volonté plongé dans la réalité de la politique contemporaine.

Les Marches du Pouvoir (The ides of March) raconte donc l’envers du décor des derniers moments d’une primaire démocrate où deux concurrents s’opposent. Le jeune et séduisant rénovateur (incarné par Clooney) contre le vieux loup de la politique qui rassure. Contrairement à ce que le laisse penser la promotion du film, Les marches du pouvoir ne parle presque pas de politique au sens noble du terme. Les batailles de programme, les ajustements de contenu ne sont nullement évoqués. La bataille se situe sur l’image et surtout les négociations de postes. A un an de la future présidentielle américaine, Clooney lorgne clairement vers une vision cynique du jeu politique américain.

Le réalisateur est quasi absent à l’écran car le film suit en réalité le parcours du jeune conseiller de campagne incarné par Ryan Gosling, toujours aussi étonnant après sa révélation dans Drive. Le dévoilement des ficelles du métier se révèle passionnant. La préparation des interviews, la position devant le pupitre. Les relations ambigues avec les journalistes, entre connivence et méfiance. Et les marchandages avec les conseillers en com de l’adversaire. The ides of March s’intéresse donc surtout aux relations individuelles entre ces différentes castes de professionnels de la politique engagés dans un jeu de dupes permanent.

On est alors déçu que Clooney n’aille pas plus loin en décortiquant le fonctionnement d’une campagne à la manière des documentaires de Moati. Il préfère au contraire maintenir son film dans une structure narrative très classique centrée sur l’initiation du personnage incarné par Ryan Gosling. On se situe finalement plus dans un thriller politique traditionnel efficace mais superficiel. Un spectacle de qualité porté par l’interprétation magistrale de Gosling manquant malgré tout singulièrement de profondeur.

A ne pas oublier, un exemple de film politique à la française très réussi: L’exercice de l’état.

Gilles Hérail

The ides of March, un film de George Clooney avec Ryan Gosling,George Clooney et Philip Seymour Hoffman, 1h35, sortie le 26 octobre 2011

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