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Quatrième édition du Festival du film politique de Carcassonne, jour 1 : “Le Monde d’hier”, passéiste et moderne

Quatrième édition du Festival du film politique de Carcassonne, jour 1 : “Le Monde d’hier”, passéiste et moderne

15 January 2022 | PAR Alexis Duval

Pour le premier jour de la manifestation, qui fera vivre la cité audoise au rythme du septième art jusqu’au 18 janvier, une salle comble a accueilli le nouveau film de Diastème, présenté en avant-première mondiale. 

Un festival de films politiques ouvert au grand public

La politique, une passion française. Alors que l’année électorale commence à battre son plein, il est intéressant de se pencher sur la manière dont le cinéma aborde la chose publique, en fiction comme en documentaire. C’est ce à quoi s’emploie le Festival du film politique de Carcassonne. Depuis sa première édition en 2018, il s’est forgé une solide réputation régionale, attirant un public local curieux de découvrir un événement ambitieux et à hauteur d’être humain.

Epaulé par une soixantaine de bénévoles, le duo qui préside aux destinées du festival, Etienne Garcia et Henzo Lefèvre, a travaillé d’arrache-pied pour que cette quatrième édition, qui se tient jusqu’au 18 janvier, ait lieu malgré un contexte sanitaire incertain. La grande force de cette petite équipe est qu’elle entend proposer une manifestation populaire qui donne accès à un septième art éclectique à des prix abordables. A Carcassonne, on questionne sans cesse notre société comme notre rapport aux autres. Sur place, il y a une réelle impatience du public à découvrir le fruit du travail des neuf membres du comité de sélection  : 121 films vus et 24 retenus.

Le Monde d’hier de Diastème en ouverture

Après la cérémonie et la traditionnelle présentation des différents jurys (dont le jury professionnel, présidé à distance par Zabou Breitman), place au film d’ouverture. Le Monde d’hier de Diastème (sortie prévue au cinéma le 30 mars), accueilli par une salle comble. Ce thriller politique suit depuis la coulisse la fin de mandat d’une présidente de la République (Léa Drucker, plus convaincante en femme d’Etat que Meryl Streep dans Don’t Look Up). Malade, elle est contrainte de ne pas se représenter. Elle a laissé la place à son ancien premier ministre, qui se voit confronté à un adversaire d’extrême droite donné gagnant au second tour.

Habilement interprété

Lors de l’échange avec le public, Diastème dit s’être refusé de « tomber dans la politique politicienne » et semble se défendre de s’être inspiré de quelque réalité historique. Mais quoi qu’il en dise, toute ressemblance avec la fin de règne de François Mitterrand (Denis Podalydès, qui joue le secrétaire général de l’Elysée, porte le même chapeau en feutre que l’ancien président socialiste et n’est pas sans évoquer François de Grossouvre) ne saurait être fortuite. Habilement interprété, Le Monde d’hier pèche quand il veut montrer un exercice du pouvoir au passé, nocturne et perméable aux intrigues de palais. Il tend par ailleurs la joue aux complotistes de tous bords qui y verront à coup sûr une nouvelle preuve de l’existence d’un prétendu Etat profond.

Un film qui nourrit le débat

L’approche n’a certes pas la finesse de la série danoise Borgen, qui avait exploré la thématique du pouvoir dans les mains d’une femme trois saisons durant (on attend avec ardeur la quatrième, dont la diffusion est prévue pour février au Danemark). Mais alors que la France n’a encore jamais connu de présidente, le fait que la question du genre du premier personnage de l’Etat ne soit jamais frontalement posée frappe par sa modernité. Le public s’est ainsi montré sensible à cette normalisation : plusieurs remarques à ce sujet ont émaillé l’échange qui a suivi cette première projection qui augure d’une édition riche en débats.

Crédit photo : Alexis Duval

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