Maudits artistes névrosés : Philip Seymour Hoffman nous quitte
Pourquoi ? Pourquoi faut-il toujours qu’ils fassent des histoires et nous amènent à pleurer dans la vraie vie ? Au cinéma, ça ne leur suffit pas ? Si l’on parle ainsi, c’est que Philip Seymour Hoffman était de ceux qui savent tout faire devant une caméra. Et on l’aimait beaucoup. Et on est très tristes de le voir quitter le paysage artistique à 46 ans, des suites, il semble, d’une overdose d’héroïne. Maudites addictions.
Prenez un acteur. Faites-lui jouer un homosexuel frustré, compagnon de route d’une équipe de cinéma pornographique (Boogie nights, Paul Thomas Anderson, 1998). Puis un citoyen modèle atrocement frustré encore, versant dans la perversion (Happiness, Todd Solondz, 1998). Puis un professeur de lettres troublé, tout au long d’une folle nuit, par une de ses jeunes élèves, donc frustré également (La 25ème heure, Spike Lee, 2003).
Histoire de changer, mettez-le dans un rôle de travesti adepte du chant (Personne n’est parfait(e) , Joel Schumacher, 2000). De journaliste rock déchaîné (Presque célèbre, Cameron Crowe, 2001). D’animateur de radio subversive (Good morning England, Richard Curtis, 2009).
Un jour, ça y est, il avale l’affiche. Donnez-lui alors à jouer un célèbre écrivain adepte de faits divers (Truman Capote, Bennett Miller, 2006). Puis donnez-lui un Oscar. Et permettez-lui d’incarner le fondateur de l’Eglise de Scientologie en personne (The Master, Paul Thomas Anderson, 2013).
On n’en revient pas, Philip. Après tout ça, pourquoi s’arrêter là ? Il restait tant à faire. Pourquoi vous partez toujours au meilleur moment, vous, les artistes ? Pourquoi ce sont les meilleurs qui s’en vont en premier ?
Il semble que ce soit une overdose d’héroïne, substance pour laquelle l’acteur avait une addiction, qui l’ait emporté. Qu’elle soit maudite : elle nous prive d’un grand talent. A voir les titres cités –et il en manque- vous pourrez constater que Philip Seymour Hoffman travaillait beaucoup. Et qu’il mettait beaucoup de lui-même dans ses rôles… Il avait joué, au théâtre, La Mouette de Tchekhov en 2001, Long voyage du jour à la nuit d’Eugene O’Neill en 2003, et Mort d’un commis voyageur il y a deux ans : beaucoup de tristesse pour un seul homme…
Souvenons-nous de lui en chaleureux, brave et charismatique garde-malade dans Magnolia, le chef-d’œuvre absolu de Paul Thomas Anderson. Le genre de figures totalement communes a priori, dont il était capable de faire des héros. La scène de la commande à la supérette revient en tête… Regardez Magnolia. Et versez donc une larme pour Philip Seymour Hoffman.
Visuels:
Good morning England, 2009 © StudioCanal
Truman Capote, 2006 © Gaumont Columbia Tristar Films
The Master, 2013 © Metropolitan FilmExport
Magnolia, 2000 © Metropolitan FilmExport
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One thought on “Maudits artistes névrosés : Philip Seymour Hoffman nous quitte”
Commentaire(s)
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yael
oui, bien triste. On l’avait aussi adoré dans le dernier film de Lumet, 7h58…