
Ma vie avec Liberace : un portrait empesé de Soderbergh ouvre le festival de Deauville
L’infatigable réalisateur de “Sexe, mensonges et vidéo” (palme d’or 1989) sort deux films par an. Il avait fait haleter Berlin avec “Effets secondaires“. En compétition à Cannes, après une sélection de dernière minute et des effets d’annonce du réalisateur qui disait que ce serait son dernier film, “Ma vie avec Liberace” (“Behind the Candelabra”) a également ouvert le 39ème festival du film américain de Deauville en grandes pompes, ce Vendredi 30 août 2013. Alors qu’on attend la leçon de Steven Soderbergh demain midi, nous avons été déçus par ce téléfilm somptuaire qui revient lourdement sur une relation orageuse du grand pianiste, interprété avec maniérisme par Michael Douglas.
Côte Ouest, fin des années 1970. Trimballé de foyer en foyer, le jeune Scott Thorson (Matt Damon) a fini dans une adorable famille d’accueil près de LA et rêve de devenir vétérinaire. Mais sa rencontre avec le pianiste virtuose du « Liberace Show » des années 1950 vient bouleverser sa vie. Scott devient l’amant et homme à tout faire d’un Liberace, (Michael Douglas) approchant de la soixantaine, reconverti dans des shows dramatiques Vegas, et manipulateur à souhait. Entre brillants de Bavière, bagouse à chaque doigt, champagne et coke dans le jacuzzi, chirurgie esthétique et scènes de ménage, Scott s’enfonce dans une dépendance douloureuse et court à bout de souffle vers la perte de lui-même dans son amour pour l’artiste.
Michael Douglas a beau minauder à grands renforts de moulinets, Matt Damon a beau essayer de jouer la petite biche perdue, on s’ennuie ferme dans les litres de kitsch que Soderbergh nous déverse pendant deux longues heures. La musique n’a presque pas de place dans ce tête à tête et ces multiples corps à corps d’une artificialité lassante. Le film achoppe sur ce qui aurait dû faire sa force : ses deux grands acteurs, aucun des deux ne parvenant à nous faire croire une minute qu’il peut désirer posséder l’autre. Du coup, le reste qui aurait dû nous divertir (flonflons du bal, candélabres massifs sur le piano, shopping à LA, BO sucrée, costumes fous en strass, en fourrure et en plumes, villas dignes des châteaux de Louis II de Bavière) ne fait qu’empeser encore un film où rien n’émeut. A trop tourner, trop vite, le petit surdoué de la Croisette s’est pris les pieds dans le tapis rouge.
Ma vie avec Liberace (“Behind the Candelabra”), de Steven Soderbergh, avec Michael Douglas, Matt Damon, 1h58, USA, ARP selection, en compétition et sortie en salles le 18 septembre 2013.
visuel : photo de promotion du film