Cinema
L’adolescence au cœur d’un mercredi au festival de Deauville 

L’adolescence au cœur d’un mercredi au festival de Deauville 

08 September 2022 | PAR Rodolphe Pete
Toute La Culture est au Festival du film américain de Deauville. Aujourd’hui nous vous parlons de toute notre journée d’hier !
 
Une histoire vraie comme un choc pour démarrer la matinée du mercredi. En compétition, “The Silent Twins”, film américano-britanniquo-polonais réalisé par  Agnieszka Smoczynska (absente mais qui a envoyé un message vidéo), a tout pour marquer le festival, même s’il aurait gagné à être réduit d’une dizaine de minutes. Les quelques longueurs n’enlèvent à la performance des deux actrices (Letitia Wright et Tamara Lawrence) et au destin poignant déroulé sur grand écran. Des jumelles enfermées dans leur bulle, portées par l’écriture et une différence qui les conduit à la marge comme à la fulgurance. La caméra saisissant au mieux ce duo fascinant jusqu’au drame, laissant les émotions s’installer, avec un mélange d’animation apportant une dimension supplémentaire à un résultat étonnant de maturité et de maîtrise.
Également en compétition “Over/Under” de Sophia Silver évoque également un duo, celui de deux adolescentes, entre vacances en Nouvelle Angleterre et scolarité en Californie. Des rires, des larmes, des séparations et des retrouvailles pour une histoire très classique, presque convenue sur le fond, avec des passages évocateurs sur le harcèlement scolaire. Les deux actrices (Emajean Bullock et Anastasia Veronica Lee), présentes à la séance de l’après-midi en compagnie de la réalisatrice, portant très justement une narration qui évite les pesanteurs dans une relation entre légèreté et tensions que l’amitié est censée dépasser. Un exercice réussi mais qui n’impressionne pas.
 
Le festival de Deauville, ce sont aussi des clins d’œil au grand frère de Cannes. C’est peur dire que “Close”, coproduction franco-neerlando-belge de Lukas Dhont, en projection unique, est un film coup de poing auréolé du Grand Prix sur la Croisette, qui ne lâche pas le spectateur jusqu’au bout. De l’amitié, de l’adolescence toujours jusqu’à la quasi fraternité rompue (incarnée par Eden Dambrinne et Gustav de Waele), avec une nature solaire qui vire au tragique mais sans pathos inutile. Dans le jury deauvillois, Léa Drucker y joue une mère bouleversante, comme Émilie Duquenne dans une composition si difficile mais si délicatement aboutie.
 
Pour finir une journée pas très feel good, “June Zero” de Jake Paltrow a pu déstabiliser avec cette évocation des suites du procès Eichmann en Israël au début des années 60, qui mêle deux destins, celui d’un garçon sur place et l’autre en Pologne. Complémentarité du fond mais différence de ton qui convaincra ou agacera. Dommage qu’il n’y ait pas eu de dialogue entre le réalisateur présent pour cette première et la salle à l’issue d’une projection comble. Il est vrai qu’il s’agissait au préalable de remettre le prix littéraire Lucien-Barrière. C’est la biographie de Robert Redford écrite par Michael Feeney Callan, très ému aux côtés de Colombe Schneck (membre du jury), qui a été récompensée. Dix ans après sa sortie, le livre a enfin été traduit cette année en France… Un peu d’optimisme donc après tant de drames.
Visuel  : ©Rodolphe Peté 
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Rodolphe Pete

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