
La sélection cinéma du 5 mars
Cette semaine au cinéma l’histoire est de mise, celle avec un grand H, mais aussi les anecdotes et non-dits de l’histoire commune.
Côté vérité historique on repassera car le péplum ultra stylisé 300, naissance d’un empire n’est pas vraiment là pour ça. C’est en effet une version grotesque, kitsch, dopée à la testostérone mais pour autant visuellement impressionnante de la bataille de Marathon que propose Zack Snyder sept ans après la sortie de 300 (qui racontait quant à lui la bataille des Thermopyles). On regrettera cependant le manque total de profondeur d’histoire ou de personnage et l’absence de nouveauté visuelle, en bref rien de nouveau sous le soleil de Grèce.
[300, naissance d’un empire de Noam Murro. Avec Eva Green, Lena Headey, Hans Matheson, 1h40]
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Les Etats-Unis nous offrent aussi une anecdote souvent inconnue de l’histoire de la major Disney, à savoir l’opposition entre l’imposant Walt Disney et l’auteure anglaise de Mary Poppins, au caractère bien trempé, qui refusa dans les années 1960 de laisser partir aussi facilement les droits de sa création. Un feel-good movie sur l’histoire inconnue d’une des plus grandes créations Disney, le créateur de l’usine à rêves étant incarné par Tom Hanks tout en assurance, face à lui Emma Thompson trouve ici un très beau rôle, jouissif dans son charme très anglais et (faussement) rigide.
[Dans l’ombre de Mary de John Lee Hancock. Avec Tom Hanks, Emma Thompson, Colin Farell. 2h] Note de la rédaction : 3/5
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La France aussi a droit à sa part de lumière, le réalisateur allemand Volker Schlöndorff (connu pour son film Le tambour en 1979, adapte en effet au cinéma la pièce triomphante de Cyril Gély qui abordait un aspect peu connu de la fin de la guerre, la bataille orale entre le consul général de Suède (André Dussollier) et le gouverneur nazi de Paris (Niels Arestrup) afin d’empêcher la destruction de la capitale en signe de vengeance avant le départ des nazis et l’arrivée des Alliés. L’adaptation est honorable malgré une certaine lourdeur théâtrale des dialogues et le film s’illustre véritablement dans l’image magnifique qui est offerte de Paris.
[Diplomatie de Volker Schlöndorff. Avec André Dussollier, Niels Arestrup. 1h24] Note de la rédaction : 3/5
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Un autre film prend place à Paris cette semaine, mais cette fois avec beaucoup moins de brio. Malgré la présence de bons acteurs Un week-end à Paris n’évite en rien les clichés sur la capitale et sur la vision de l’âge et du temps qui passe dans un couple. De beaux moments arrivent parfois mais le film ne décolle ni sur le fond ni sur le rythme.
[Un week-end à Paris de Roger Michell. Avec Jim Broadbent, Jeff Goldblum. 1h33]
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Les désillusions de la vie de couple c’est aussi le sujet du nouveau film de Sophie Fillières, porté par le couple déjà bien connu du cinéma français (notamment avec Rois et Reine de Desplechin) Emmanuelle Devos et Mathieu Amalric. Les deux acteurs interprètent avec justesse un couple à la dérive, qui finit par se perdre dans une forêt des plus métaphoriques, un retour à la nature pour une réflexion sur ce que peut encore offrir la vie.
[Arrête ou je continue de Sophie Filières. Avec Emmanuelle Devos, Mathieu Amalric. 1h42] Note de la rédaction : 3/5
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Deux fictions étrangères à noter également, le film israélien Youth critique sociale en forme de thriller dans lequel deux frères kidnappent une adolescente contre rançon pour se sortir de la misère quotidienne dans laquelle leur famille vit. Mais aussi le très attendu film allemand Free Fall qui raconte l’histoire d’amour entre deux collègues de la police, l’un ayant déjà une vie toute tracée, une femme et un enfant à venir.
[Youth de Tom Shoval. Avec David Cunio , Eitan Cunio , Moshe Ivgy. 1h47]
[Free Fall de Stephan Lacant. Avec Hanno Koffler , Max Riemelt , Attila Borlan. 1h40]
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Pour les amateurs de documentaires il y a de quoi faire cette semaine avec le film français Se battre qui suit au quotidien la vie des travailleurs pauvres de France, leurs difficultés mais surtout les moyens qu’ils mettent en oeuvre pour s’en sortir, s’aider et se relever.
[Se battre de Jean-Pierre DURET. 1h30]
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A voir aussi deux documentaires historiques, l’un sur les œuvres artistiques créées clandestinement dans les camps de concentration, film qui aborde sous un angle qui peut sembler dérangeant les possibilités de l’art dans les situations les plus extrêmes. (Parce que j’étais peintre. L’art rescapé des camps nazis de Christophe Cognet. 1h44). Autre documentaire qui lie art et guerre, L’instinct de Résistance suit la vie de quatre artistes passés par les camps, et montre comment par leur expérience de guerre ils ont pu par la suite se mettre au service de la création et de la liberté (L’instinct de Résistance de Jorge AMAT). Deux films qui peuvent bien se mettre en résonance.
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Et pour finir sur une note magistrale c’est aujourd’hui que ressortent en salle sept films d’Ingmar Bergman, génie qui a su à la fois réinventer la mise en scène cinématographique en la couplant à des réflexions extrêmement profondes sur la mort, la maladie et les possibles de l’art.
[Sourire d ‘une nuit d’été, Les fraises sauvages, Le septième sceau, La source, Persona, Scènes de la vie conjugale, Sonate d’automne d’Ingmar Bergman]
Visuel (c) : affiches de films, affiche ressortie Bergman.