
Cannes 2022 : Prix Un certain regard aux Pires
Succédant à Un homme intègre, Border – dont le réalisateur figurait dans la Compétition de Cannes 2022 – La Vie invisible d’Euridice Gusmao et aux Poings desserrés, le lauréat du Prix Un certain regard 2022 s’avère être un film français.
C’est finalement un nouveau film “de cité”, comme on peut les dénommer communément vite fait, qui remporte en 2022 le Prix Un certain regard à Cannes. Mais récemment, ce “genre”, ou plutôt ce type de film avec ce thème, ont fait l’objet de traitements nouveaux, comme dans le magnifique Gagarine, de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh. Les Pires, donc, prend pour objet un tournage ayant lieu dans un quartier pauvre de Boulogne-sur-Mer, avec quatre jeunes choisis au final pour l’effectuer : les quatre “pires” adolescents du quartier. Et le commentaire social, et les envies de cinéma novateur sans doute, de découler de cette situation départ. Réalisé par Lise Akoka et Romane Gueret, Les Pires sera à découvrir dans les salles de cinéma françaises le 23 novembre, distribué par Pyramide Films.
Parmi les autres distinctions rendues, un Prix du jury vient couronner le très applaudi Joyland, film pakistanais de Saim Sadiq, dans lequel un homme affronte le regard d’une famille étouffante et conservatrice, et d’une société qui l’est tout autant, pour vivre ses désirs. Une oeuvre avec notamment en prime un personnage central de transsexuel. Et un film récompensé le même soir par la Queer Palm.
Un Prix de la mise en scène a été aussi décerné, à Metronom d’Alexandru Belc, qui peint une adolescence en Roumanie, au début des années 70 sous la dictature. Si Rodéo, de Lola Quivoron, consacré à une jeune femme intégrant un milieu de bikers, repart avec une mention Coup de coeur du Jury, on note que Mediterranean Fever, de Maha Haj, sur deux destins croisés à Haïfa, remporte un Prix du scénario. Pour lire notre critique, cliquez ici.
Et l’on se réjouit, enfin, de voir deux brillants interprètes être primés, par un Prix de la Meilleure Performance : Vicky Krieps, excellente en Sissi dans Corsage, et s’inscrivant très bien dans le cadre entre détails historiques pointus et humanité palpitante installé par le film, ainsi qu’Adam Bessa, bouillonnant dans Harka. Ce dernier – dont notre critique est à lire ici – constituant lui aussi, à la façon des Pires, une peinture d’une réalité sociale dure mise un peu à distance via quelques divagations. Et par des procédés cinématographiques très maîtrisés.
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Visuel : © Pyramide Distribution