Cannes 2022, Compétition : Un petit frère, chronique qui démarre bien mais se perd
Bien dommage : après une première partie réaliste et prenante, servie par la magnifique Annabelle Lengronne, cette chronique d’immigrés sur plusieurs décennies tombe dans des scènes plus vaines.
Rose vient s’installer en France à la toute fin des années 80, avec deux enfants, Jean et Ernest. Elle a quitté l’Afrique en laissant pas mal de ses douleurs derrière elle. Accueillie chez sa famille dans une cité de banlieue parisienne, elle n’entend pas renoncer à son fort caractère : ainsi par exemple, elle ne laisse pas mes hommes la choisir, elle les choisit… Elle prendra ses décisions, entraînant sa famille proche avec elle sur des chemins pas toujours tranquilles.
Ce deuxième film de Léonor Serraille, gagnante de la Caméra d’or en 2017, commence d’abord bien : ce qu’il raconte n’est pas totalement inédit mais la cinéaste parvient à sculpter un beau portrait de femme, très sensible. L’interprétation magnifique d’Annabelle Lengronne, qui laisse lentement effleurer ses sentiments intérieurs, et est cadrée sous la sublime photo aux teintes métalliques d’Hélène Louvart, participe totalement de cet effet. On suit les scènes avec passion, pas mal de sujets sont traversés mais l’écriture va à l’essentiel.
Ensuite, tout se complique hélas un peu : à mesure que Jean et Ernest deviennent plus grands, leurs hésitations et errements sont donnés à voir, d’une manière que l’on pourra trouver parfois trop appuyée. On les suit bientôt dans quelques scènes un peu poseuses, anormalement longues, qui rompent de façon un peu triste avec le ton du début. Le talent de certains interprètes Stéphane Bak, massif et tout sensible, Thibaut Evrard et son charisme monstrueux – a beau jouer le temps de quelques plans, on décroche…
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Visuel : © Blue Monday Productions – France 3 Cinéma