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Cannes 2019, jour 1 : belles ouvertures à la Semaine et à un Certain Regard, Dupieux sans limites, et « Les Misérables »

Cannes 2019, jour 1 : belles ouvertures à la Semaine et à un Certain Regard, Dupieux sans limites, et « Les Misérables »

16 May 2019 | PAR Yaël Hirsch

Première journée de compétition à Cannes avec des amis de longue date au Palais, beaucoup d’effervescence autour de l’ouverture de la Quinzaine et des voyages à la Semaine.

La journée a commencé par une petite promenade le long d’une Croisette pluvieuse, pour rejoindre le Miramar et voir à 8 h 30 le film d’ouverture de la Semaine de la Critique. Portrait d’une femme et d’une famille confrontées au cancer avancé de la grand-mère matriarche, Litigante du colombien Franco Lolli est une fresque intime, sensible et puissante. On entre très vite dans le quotidien de l’héroïne, mère célibataire, juriste pour l’urbanisme local et faisant face à la maladie de sa mère. Couleurs suaves, paroles crues, situations réalistes et à vif qui mêlent eros, thanatos et tendresse. Il faut souligner le jeu brillant des trois actrices principales. Litigante est un film essentiel.

La séance de 11 heures en salle Debussy nous a permis de voir le film d’ouverture d’Un Certain Regard : Bull, premier long-métrage d’Annie Silverstein. La réalisatrice, qui avait déjà présenté en 2014 son court-métrage Skunk dans cette section, nous offre une plongée dans l’été du Texas profond avec ce film qui relate la rencontre d’une adolescente blanche, dont la mère est en prison, et d’un toréador noir de renommé. Beaux paysages, acteurs puissants (Rob Morgan est formidable) et état des lieux du racisme du Sud en filigrane font la force du film. Le traitement est néanmoins un peu lent et le film manque de rythme.

A 13 h 30, nous avons rejoint en leur beau perchoir du Suquet les équipes de l’Eicar pour une première vidéo avec Alexis Duval, Yaël Hirsch, Geoffrey Nabavian et Adrien Naselli, quatre des rédacteurs de Toute La Culture chargés de couvrir le Festival, qui ont exprimé leurs attentes et leurs premières impressions.

A 15 h 30, Yaël a eu l’occasion de se faire maquiller puis démaquiller par Nivea sur le toit de l’hôtel Five Seas, pour essayer les produits de la gamme Micellaire Expert de Nivea. Pour la première fois sur la Croisette, la marque allemande a choisi Cannes pour faire tester ses démaquillants visage et yeux très efficaces sur le maquillage waterproof, et riches en huile pour ne pas dessécher la peau. Cette agréable séance de maquillage a commencé par l’application d’une BB cream hydratante et s’est terminée par une touche au doigt de rouge à lèvres Labello, avant d’être immortalisée par une séance photo pour un résultat lumineux.

A 17 heures, retour en Debussy pour notre premier film de la compétition : Les misérables de Ladj Ly. Le réalisateur de A voix haute nous offre avec ce film coloré, maîtrisé et rythmé, une plongée dans 48 heures de la vie de trois flics de la BAC de Montfermeil, dont l’un d’eux est frais émoulu de Cherbourg… Porté par des acteurs excellents (Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djebril Zonga) ces Misérables n’ont pas le souffle de Hugo mais savent exprimer une colère ancienne.

18 heures, il est déjà temps de s’installer dans la file du Théâtre Croisette pour assister à la cérémonie d’ouverture de la Quinzaine des réalisateurs, où l’Américain John Carpenter recevra un Carrosse d’or récompensant sa carrière. Ensuite, place au film d’ouverture : Le Daim, de Quentin Dupieux, qu’on nous décrit comme un ovni…

Pendant ce temps, aux alentours de 19 h 15 au Palais, la splendide section parallèle Un certain regard s’ouvre. Thierry Frémaux appelle sur scène le jury 2019, dont la présidente, la réalisatrice Nadine Labaki (Prix du Jury pour Capharnaüm dans la Compétition l’an dernier), évoque dans un discours l’importance d’aider les cinémas de certains pays à se développer et à acquérir de meilleures conditions de développement, en les montrant.

Puis c’est au tour de l’équipe du film d’ouverture 2019, La Femme de mon frère, de monter sur scène. Sa réalisatrice, Monia Chokri, est actrice et a été révélée dans Les Amours imaginaires, de Xavier Dolan (présent dans la salle pour cette occasion). Le voyage cinématographique qu’elle nous propose lui permet de naître, sous nos yeux, en tant que réalisatrice : ultra maîtrisé, mais en même temps sincère, universel et profond, son film transporte.

A 20 h 30 sur le toit du Palais, Au Mouton Cadet Wine Bar, Cécile Cassel alias HollySiz est venue présenter avec trois femmes (deux choristes et une pianiste) son projet éponyme. L’occasion de vérifier en acoustique, le ukulélé remplaçant les basses dans Come back to me, que son timbre est vraiment sublime. En ensemble de soie rose et glitter sur les paupières, elle chante aussi bien la lumière qui entre que, seule au piano-voix, le blues amoureux, ou avec force et choristes la cause des femmes avec Unlimited. Un moment blues hors du temps et particulièrement émouvant.

Et à 22 heures, la soirée d’ouverture de la Quinzaine des réalisateurs a commencé à battre son plein, sur la plage de la section. Placée sous le signe de son film inaugural, Le Daim (critique ici), cette fête nous a permis de croiser Jean Dujardin, Adèle Haenel, et le réalisateur Quentin Dupieux, qui reste aussi Mr. Oizo sous sa casquette d’artiste electro… Mais également Bertrand Bonello, Lisandro Alonso (réalisateur du magnifique Jauja, et dans le jury de la section Un certain regard cette année), et surtout, Dupieux oblige, le producteur et artiste musical Pedro Winter. Dans le milieu de la soirée, l’homme a pris les commandes des platines et consoles diffusant la musique, pour un set excellent, bien dynamique et rythmé. Avec, à minuit pile notamment, une splendide réinterprétation de I wanna be your lover de Prince, avec juste le rythme mis en sourdine, pour un effet hypnotique et finalement euphorisant. Du grand art electro. Sinon, au programme de cette fête : un dancefloor très fréquenté, une atmosphère fraîche et parfaite, les traditionnels alcools de tous types (mention spéciale au champagne, excellent) et plateaux de sandwiches ou de petits fours de la plage de la Quinzaine, les pyramides de macarons finales (mention aux serveurs qui les portaient, sur ce plan)… Et, en guise de symbole malicieux, le blouson du film Le Daim exposé, sur un stand photo où tous les festivaliers présents ont eu la possibilité de se faire tirer le portrait, pour un résultat immédiat. Avec enfin, en guise d’hymne pour ce moment très réussi, le légendaire morceau electro Flat beat” signé Quentin Dupieux, qui a résonné superbement vers une heure du matin.

Retrouvez tous les films des différentes sélections dans notre dossier Cannes 2019

Visuel : ©Toute La Culture-DR

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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