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Cannes 2018, compétition : “Capharnaüm” de Nadine Labaki, l’enfance maltraitée de Beyrouth

Cannes 2018, compétition : “Capharnaüm” de Nadine Labaki, l’enfance maltraitée de Beyrouth

20 April 2018 | PAR Yaël Hirsch

On adore la force des films de Nadine Labaki depuis Caramel (lire notre portrait) et la réalisatrice libanaise propose un mélodrame sur un enfant pauvre et maltraité de Beyrouth en compétition.

[rating =3]

Condamné à 5 ans de prison pour avoir planté un couteau dans le corps d’un homme, Zain, 12 ans, fait un procès à ses parents : il les accuse de l’avoir mis au monde alors qu’ils étaient incapables de s’occuper de lui. Il faut dire que, sans le sou et géniteurs d’une smala immense, le couple vend de l’eau au tramadol dans la rue pour payer le lait du bébé et n’hésite pas à mater leur fille de 11 ans dès qu’elle a ses règles… Petit homme et chef de tribu à 12 ans, avant la prison, Zain avait quitté le foyer et s’était réfugié chez une immigrée éthiopienne sans papiers. Pendant qu’elle était au travail, le garçon s’occupait de son bébé, Yonas …

Film des rues et des bidonvilles, le film de Nadine Labaki montre la pauvreté la plus grande des enfants de Beyrouth. Elle expose aussi la violence, le racisme, l’insalubrité et la détresse morale d’êtres qui n’ont rien demandé, qui souffrent et qui viennent eux même grossir malgré eux la chaîne de la violence.

Mélodrame assumé et fait de tout cœur, le film surligne les moments où il faut s’émouvoir de violoncelle (musique de Khaled Mouzanar) et quand il prend de l’altitude sur Beyrouth c’est pour monter la précarité des bidonvilles. Cette émotion requise enferme et heurte certains spectateurs, elle a en a ébloui d’autres qui ont applaudi à tout rompre la projection après la montée des marches. Un film qui divise sur la forme mais rassemble sur le formidable jeu des acteurs et de leur direction.

Nadine Labaki, Capharnaüm, Liban, 123 min, en compétition officielle.

Visuel : photo officielle.

Retrouvez tous nos articles sur le Festival de Cannes 2018, ici.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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