Cinema
BERLINALE, « Schwesterlein » : mélodrame berlinois

BERLINALE, « Schwesterlein » : mélodrame berlinois

26 February 2020 | PAR William Meignan

« Schwesterlein » des réalisatrices suisses Stéphanie Chuat et Véronique Reymond montre que la combinaison entre une écriture « télévisuelle » et une esthétique mélodramatique, même portée à l’écran par de grands acteurs, ne permet de produire du bon cinéma d’auteur.

Si les allemands ne sont que moyennement fiers de leur cinéma, leur théâtre et leurs productions télévisuelles constituent en revanche leur identité dans le domaine du « Schauspiel », à l’image des Tatort suivis religieusement tous les dimanche soirs dont les acteurs et actrices sont issus des ensembles des théâtres nationaux allemands.

« Schwesterlein » met en scène les deux acteurs vedettes du théâtre berlinois de la Schaubühne, Nina Hoss et Lars Eidinger, ainsi que son directeur emblématique, Thomas Ostermeier, dans des rôles ressemblant quasiment trait pour trait à leurs vies. Si leur noms et leurs relations familiales et intimes sont repensés dans le film, toute la construction scénaristique semble reposer sur la volonté de s’appuyer sur la popularité du théâtre berlinois et de ses célébrités.

Lars Eidinger, dans son propre rôle d’acteur, est atteint d’une leucémie et ne veut pour rien au monde arrêter de jouer au théâtre. Nina Hoss, dans le rôle de la dramaturge et de la sœur aimante, est dévorée par le chagrin de voir son frère lentement s’éteindre. La grande qualité du jeu des deux acteurs principaux est indéniable. Malgré les injonctions familiales ou professionnelles qui ne cessent de rappeler le personnage de Nina Hoss à la « raison », l’amour fraternel s’impose sans compromis et ne laisse pas le spectateur indifférent.

S’il est difficile de rester insensible à ce drame aux thématiques particulièrement touchantes (le combat contre la maladie et l’amour fraternel), l’universalité du propos et le réalisme de l’histoire est desservi par une connivence très « berlinoise » et l’omniprésence de références des personnages aux vies des acteurs qui les incarnent. Ce sentiment se confirme notamment en ce que l’intrigue gagne en crédibilité et en profondeur aussitôt qu’elle quitte Berlin pour prendre une bouffée d’air frais salutaire dans les hauteurs suisses.

Photo : © Vega Film

 

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William Meignan

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