
La sélection cinéma de la semaine du 10 septembre
A voir cette semaine sur les écrans : un drame sensationnel israélien, le drôle d’exil de Michel Houellebecq, Fabrice Luchini en concurrence avec Flaubert et un documentaire sur les fourmis travailleuses du journal Le Monde.
L’institutrice de Nadav Lapid
La sensation israélienne de la rentrée, déjà remarquée à la semaine internationale de la critique de Cannes. Le réalisateur du déroutant Le Policier raconte ici l’histoire d’une institutrice captivée par le talent précoce de poète d’un de ses élèves. Ce qui s’apparente d’abord à un transfert (elle se rêvait poète) se transforme rapidement en une folle obsession offrant au petit Yoav la stature d’un être à la pureté radicale. Nous sommes hypnotisés par le regard bleu azur de Nira (Sarit Larry) répondant à celui du petit Yoav (Avi Shnaidman). Par sa forme et son contenu poétique, Nadav Lapid marque les esprits sans omettre d’offrir une réflexion sociale sur Israël (l’armée, la division entre Séfarades et Ashkénazes etc.) Un film subjuguant à bien des égards.
Near Death Experience de Gustave Kervern et Benoît Delépine
« J’m’en fous j’suis mort ! » La lèvre inférieure tombante, la peau marquée par l’abus de nicotine, Michel Houellebecq clame là devant une piscine ce qui s’annonce comme la phrase culte du nouvel ovni de l’ex duo Grolandais.
L’écrivain des Particules Elémentaires joue ici le rôle de Paul, un employé qui en plein burn-out s’exile à la montagne pour y mettre fin à ses jours. Une esthétique simple, voir sale, et un regard aiguisé sur la société qui ne semblent pas éloignés de l’écriture de Houellebecq. Un film minimaliste qui par son étrangeté et son ton déconcertant nous intéresse.
Gemma Bovery d’Anne Fontaine
Variation moderne autour du roman de Flaubert, le nouveau film de la réalisatrice de Perfect Mothers est surtout l’adaptation d’un roman graphique anglais de Posy Simmonds à qui l’on doit aussi Tamara Drewe (adapté au cinéma toujours avec Gemma Arterton).
Dans un village normand, débarque un jeune couple anglais qui par sa troublante ressemblance au couple Charles et Emma Bovary déroute Martin le boulanger du coin (Fabrice Luchini), un érudit parisien venu reprendre la firme de son père. Fou de désir pour la belle Gemma et se sentant l’âme d’un Flaubert, Martin décide de prendre en main le destin du couple. Reste à savoir si Gemma vivra le même destin tragique que sa presque homonyme…
Les gens du Monde d’Yves Jeuland
Ce documentaire nous plonge au cœur de la rédaction d’un des quotidiens les plus lus de France, Le Monde. Autant dire que la vie d’un journal, cela nous intéresse. Le documentaire se concentre sur les journalistes du service politique pris dans le tourbillon de la campagne électorale de 2012.
Les réalisateurs de documentaires sont de plus en plus préoccupés par les mécanismes des grandes « maisons », comme La Maison de la Radio film de Nicolas Philibert sur le groupe Radio France en 2013.
Un documentaire récemment vu sur Arte s’interrogeait sur l’avenir de la presse : « Presse : vers un avenir sans papiers ? » suivait les mutations du journalisme face à la crise du papier et la préservation d’une information de qualité.
Visuels : ©Haut et Court / ©Ad Vitam / ©Jérôme Prébois / Albertine Productions – CinéGaumont – Cinéfrance 1888 – France 2 Cinéma / ©Folamour