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Décès d’Édouard Molinaro : retour sur la carrière du réalisateur de “la Cage aux Folles”, roi méconnu de la comédie française

Décès d’Édouard Molinaro : retour sur la carrière du réalisateur de “la Cage aux Folles”, roi méconnu de la comédie française

08 December 2013 | PAR Gilles Herail

Ce nom ne vous disait peut être rien mais Molinaro a été aux commandes de grands classiques comme La Cage aux Folles, Hibernatus ou L’Emmerdeur. Toute la Culture revient sur la carrière d’un grand roi de la comédie française qui s’est éteint aujourd’hui à l’âge de 85 ans.

afficheMolinaro fut un réalisateur prolifique, tournant une quarantaine de longs-métrages pour le cinéma en 50 ans de carrière, mais aussi des téléfilms et des séries télé. Il a souvent été considéré comme un faiseur, aux commandes de comédies françaises plus ou moins réussies avec De Funès ou Pierre Richard, sans y imprimer sa patte. Molinaro aura pourtant su aussi se diversifier notamment dans les années 80 et 90 avec des films comme Beaumarchais l’insolent, Le Souper, ou encore L’amour en douce. Toute la Culture vous propose pourtant de s’attacher à deux autres films, comédies pures qui ont marqué les esprits des spectateurs français.

Molinaro est donc celui qui s’était vu confier la lourde tâche d’adapter l’une des pièces de théâtre les plus vues de l’histoire des planches. La Cage aux folles et son couple d’acteurs déchaînés qui ont fait rire des millions de spectateurs et ne pouvait donc rater son passage sur grand écran. D’un matériau de boulevard, très parodique, caricatural et cherchant l’efficacité à tout prix, Molinaro a su tirer un film tout aussi drôle mais bien plus tendre. Voire, à sa manière, romantique, ce qui était absent de la pièce et encore plus de la nouvelle adaptation avec Clavier et Bourdon. Au-delà d’une précision comique diabolique (que l’on retrouve dans ses autres films) et d’une direction d’acteurs irréprochables, Molinaro avait réussi à amener Serrault et Tognazzi vers d’autres horizons. En décrivant affectueusement un vieux couple et pas seulement deux folles. On l’oublie trop souvent, mais La cage aux folles n’est pas seulement une petite comédie à succès des années 70. C’est un triomphe européen et mondial. Un film qui a rapporté 20 millions de dollars de l’époque aux USA, dépassant donc très largement le cercle art et essai, et avec le désavantage d’être francophone. La Cage aux folles, et plus généralement la carrière de Molinaro, est ainsi un témoignage de l’âge d’or des coproductions européennes, notamment franco-italiennes, qui savaient séduire les spectateurs.

Un autre de ses films, injustement considéré comme un nanar, incarne un certain cinéma français des années 1980. Le doux temps où Daniel Auteuil, sortant des Sous-Doués, était un excellent acteur de comédie et où les acteurs du Splendid commençaient à faire leur carrière en individuel. Pour cent briques t’as plus rien (qui rappelle des titres à la Audiard) est un pur produit de son époque qui a obtenu un petit statut de culte avec des rediffusions multiples à la télévision. Assez proche du théâtre de boulevard, le film suit deux héros bras cassés, chômeurs, qui cherchent à braquer une banque. On suit rapidement leur préparation pour se retrouver ensuite pendant une heure dans la banque où la prise d’otage ne va bien sûr pas se passer comme attendu. Jugnot et Auteuil rivalisent d’inefficacité et de maladresse mais c’est surtout Anémone qui amène toute sa folie au film. En incarnant une habituée des prises d’otages pragmatique et pressée d’en finir qui conseille les deux novices sur la meilleure manière d’opérer. Autour d’elle, un casting de seconds rôles qui incarnent les clients et les employés de la banque (un grand Jean-Pierre Castaldi notamment), renversant progressivement la situation pour finalement s’associer au nez et à la barbe d’un commissaire un peu bourrin. Pour cent briques t’as plus rien mélange cette tonalité toujours sociale des années 80 avec une vraie liberté de ton et humour qui a vieilli mais reste efficace grâce à l’écriture et au rythme que Molinaro a su insuffler.

Molinaro comme Oury ou Zidi a traversé 50 ans de cinéma populaire avec beaucoup de discrétion, mais à la barre de quelques films que le grand public se plaît encore à regarder plus de 30 ans après. Il fallait donc rendre hommage à ce cinéaste trop peu connu, et l’on espère une déprogrammation ce dimanche pour avoir le plaisir de revoir La Cage aux folles.

Gilles Hérail

Visuels : © affiche de La Cage aux folles et bandes-annonces officielles des films La Cage aux folles et Pour cent briques t’as plus rien

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Gilles Herail

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