Arts

Jean-Michel Othoniel enchante un Petit Palais très coloré

28 September 2021 | PAR La Rédaction

Du 28 septembre 2021 au 2 janvier 2022, Jean-Michel Othoniel investit le Petit Palais pour une exposition contemporaine dialoguant avec l’architecture du musée. Première rétrospective parisienne de l’artiste depuis dix ans, il y présente de nouvelles créations mais également des œuvres encore jamais montrées au public en France. 

Chaque automne, le Petit Palais invite un artiste contemporain à exposer au cœur de la collection permanente afin dé créer un échange entre son travail et les œuvres du musée, et ouvrir de nouvelles perspectives. Cette année, Jean-Michel Othoniel présente Le Théorème de Narcisse, une exposition imaginée pour s’intégrer à l’architecture et au jardin du bâtiment Art nouveau autour de l’idée du reflet et de l’image de soi dans le monde qui nous entoure. Il y expose au total soixante-dix œuvres dont une partie a été créée spécifiquement pour l’occasion. 

Une balade féerique dans le jardin du Petit Palais

Inspiré par les jardins et la fusion de l’œuvre avec son environnement, Jean-Michel Othoniel expose souvent en extérieur (Versailles, Grenade, Tokyo…), profitant de l’ouverture du regard que cela permet. Au Petit Palais, l’exercice y est d’autant plus réussi que le jardin avait été conçu dans le but même de l’émerveillement du public du début du XXe siècle. Point de départ d’un parcours poétique et enchanteur, des lotus recouverts de feuilles d’or semblent flotter entre les arbustes se refléter dans les bassins, rayonnant jusqu’à la cascade de pierres bleues installée à l’entrée du musée. Au milieu d’un jardin encore verdoyant, les oeuvres de l’artiste vont évoluer au grès des saisons ; refléter le doré de l’automne, briller dans le gris de l’hiver…

Les œuvres, imaginées à la façon des caractéristiques colliers de perles d’Othoniel, sont ici en métal argenté ou couleur or, positionnant également le spectateur face à son propre reflet. « Ici je vois le narcissisme comme positif, explique l’artiste, dans le sens où il sert à se construire et à faire refléter le monde autour de soi ». Il évoque notamment les selfies : « Les gens qui se montrent en disent beaucoup sur le monde d’aujourd’hui ». 

Le dialogue artistique s’étend jusqu’à l’intérieur du musée, d’où il est possible de voir par la fenêtre une certaine continuité entre les Nœuds d’argent présenté sous la galerie extérieure et Le Sommeil de Courbet, sur lequel on aperçoit un collier de perles sur les draps. Transition entre un extérieur lumineux et l’obscurité du sous-sol, un magnifique lustre en verre de Murano surplombe l’escalier pour descendre vers la suite de l’exposition dans une théâtralité assumée faisant écho à la thématique de l’exposition. 

La grotte de Narcisse : un rez-de-chaussée onirique 

En bas des escaliers menant au rez-de-chaussée du Petit Palais, le visiteur est convié à pénétrer au sein d’un univers que l’artiste souhaite « onirique ». Contrairement aux œuvres précédentes qui dialoguent avec le musée, celles-ci s’inscrivent au sein d’un espace fermé qu’elles transcendent, et interagissent entre elles, presque en autarcie par rapport aux collections permanentes.

En présentant son Agora lors du vernissage, Jean-Michel Othoniel évoque l’influence de son voyage en Inde, et notamment des briques qui jonchent la plupart des routes du pays, et qui, ici, définissent la forme de ses installations. Une nouvelle palette de couleurs, plus « sensuelle » selon le plasticien, se développe sur des installations en verre soufflé dans un dégradé coloré obtenu grâce au travail de la matière. Dans cet Agora, Othoniel nous invite à libérer nos sens, à nous séparer d’une réalité oubliée en haut des escaliers. 

Dans la seconde salle, une étendue de plus de 3 000 briques en verre bleues crée une atmosphère apaisée et apaisante, sorte de pendant de la cascade dévalant les marches de l’entrée du Petit Palais. Au sein de cette salle plongée dans une semi-obscurité, où quelques spots de lumière éclairent les rectangles de verres accrochés au mur, des Nœuds sauvages survolent le sol, pendus au plafond. Ces installations sont le fruit d’une dizaine d’années d’échanges entre Jean-Michel Othoniel et le mathématicien Aubin Arroyo, dont la théorie scientifique des nœuds sauvages (chaîne d’ADN) rencontre l’expérimentation esthétique de l’artiste. Si dans la formule mathématique les calculs se répètent, dans les sculptures, c’est l’œuvre qui se reflète elle-même, à l’infini : chaque perle est numérotée. Si une se détache, l’ensemble s’écroule. 

 

Le Théorème de Narcisse, Jean-Michel Othoniel, du 28 septembre 2021 au 2 janvier 2022, gratuit et sans réservation au Petit Palais, Avenue Winston Churchill, 75008 Paris.

Plus d’informations : https://www.petitpalais.paris.fr/expositions/le-theoreme-de-narcisse

 

Alice Martinot-Lagarde et Camille Bois-Martin

Visuels : © Alice Martinot-Lagarde et Camille Bois-Martin, 27 septembre 2021, Paris

Un biopic sombre et attendrissant de Odon Horvath à la Comédie Nation
L’agenda classique de la semaine du 28 septembre
La Rédaction

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration