Arts

L’artiste Manon nous embarque dans son univers subversif au parfum 70’s

12 May 2021 | PAR quentin didier

C’est au Centre culturel suisse de Paris que l’on peut découvrir une exposition consacrée à l’artiste née à Berne en 1940. Depuis les années 70, Manon dévoile son intimité dans un style transgressif parfaitement ancré dans son époque, mais également dans la nôtre. L’occasion de retrouver tout le charme d’une décennie sulfureuse.

Il fallait mettre des couleurs dans la vie

Rosmarie Küng de son vrai nom, grandit dans une Suisse encore assez conservatrice, où rien ne doit dépasser. Mais la discrétion, la transparence sont très loin d’être attrayants. La jeune artiste développe un goût pour la photographie, la mode et l’art en général. Il n’est donc pas question d’être rangé, ni de ranger quoi que ce soit d’ailleurs. Nous sommes dans les années 70, et les mœurs de l’Occident prennent un joli virage où la vanité n’est plus un gros mot. Les excès associés à la transgression permettent de mettre des couleurs dans un vie froide et fade. Dès sa première œuvre, Manon montre toute son intimité, si ce n’est plus. L’exposition et performance Boudoir rose saumon en 1973, présente sa chambre à coucher idéale. Alors que la majorité des artistes sont des hommes, elle choisit de dévoiler une esthétique la plus féminine possible. La chambre de l’artiste déborde de rose et d’objets féminins et fétichistes. L’opulence et le vice n’ont jamais revêtis une si belle couleur. Une première œuvre fantaisiste à retrouver au Centre culturel suisse de Paris.

Il faut saisir la liberté

Manon évolue alors dans un cercle artistique marginal, empreint d’une liberté résolument moderne. Nous sommes dans les années 70, et les mœurs évoluent en souhaitant que la bienséance soit un jour révolue. L’œuvre photographique La dame au crâne rasé semble être, plus que le travail le plus connu de Manon, une véritable pierre angulaire de cette décennie révolutionnaire. L’artiste s’est en effet rasé le crâne dans une démarche d’appropriation totale de son corps, et de réappropriation de la notion de féminité. Elle initie sublimement un propos féministe en transgressant les barrières et les genres. Son apparence aussi androgyne qu’hyper-féminine, subjugue autant qu’elle a pu provoquer. Les superbes clichés de La dame au crâne rasé redéfinissent les normes et font de la subversion du très bon goût.

Encore aujourd’hui le travail artistique de Manon fascine et résonne avec de nombreuses époques. Le parfum subversif et révolutionnaire des années 70 est toujours aussi agréable, faisant de Manon une artiste à l’aura particulière. Elle nous plonge dans une marginalité transcendante où les pêcheurs sont de véritables saints. Comment ne pas être happé par une œuvre aussi sulfureuse ?

L’exposition Manon est à retrouver au Centre culturel suisse à Paris jusqu’au 18 juillet 2021.

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