Le duo Delgado Fuchs lance la saison au trot au Centre Culturel Suisse
Alors que le duo Delgado Fuchs avait carte blanche ces 17 et 18 janvier, le 18, à 18h00, deux cycles de performances ont été lancés par une annonce de saison du CCS joyeuse présentée par le nouveau directeur, Jean-Marc Diébold et Claire Hoffmann, responsable des arts visuels.
C’est avec un verre de vin et un tampon sur le poignet nous préparant à la suite que nous avons pu découvrir de la bouche de Jean-Marc Diébold la programmation du Centre culturel suisse. Les rendez-vous jazz du CCS commencent le 23 janvier avec Elena D’uni, David Enhco et Marc Perrenoud. En février la plasticienne Lauren Huret fera l’objet d’une exposition. En mars, le réalisateur Markus Inhoof sera à l’honneur. Avril posera la question du féminisme avec le duo Julie Gilbert/Jérôme Richer et le colloque « Tremblez tremblez ». En mai le CCS accueille la première exposition personnelle de Nives Windauer et en juin on rencontrera des auteurs dramatiques suisses à commencer par Lukas Bärguss et Wolfram Höll.
Mais en attendant, nous avons pu nous laisser surprendre par Delgado Fuchs, le célèbre duo suisse qui travaille sur la force et l’étonnement dès commencement et par leurs invités …
Très rapidement, nous grimpons quelques marches pour passer à l’entrée avec des petits fours passés sur les piques d’un repas équestre et totémique. Alors qu’un film montre les deux performers nus à l’exception d’une culotte et d’une queue de cheval entrain de s’ébattre dans la montagne en toutes saisons, ils trônent endormis au cœur de Horsetail Kickerbelt au centre du buffet préparé par Alexandre Rabineau. Attentifs, le public adore attraper sa nourriture sur des pics en les regardant bouger en rythme leurs jolies fesses dans de grands espaces sauvages. Un yodl annonce la fin de cette première étape et le public est scindé en deux groupes : les tampons violets partent dans une direction. Nous sommes tatoués de rouge et retournons sagement dans l’entrée.
Sur une musique croissante, la performance Bang Gang GGGang met en scène une creature en noir latex et talons qui danse contre la rambarde du CCS de manière aussi athlétique que lascive. Elle descend les escaliers, pôle danse et se tortille sur le sol mais le plus sexy est le strip tease latex en coin. Après quoi en changeant de peau, gardant les talons et ajoutant une perruque, Krassen Krastev met sa seconde peau couleur chair dans la lumière pour un tour de piste très sensuel. « Dans cette pièce j’entends montre un corps ‘parfait’ narcissique » explique-t-il. L’effet désir/ répulsion marche parfaitement.
A la fin de cette performance qui finit dos complètement nu, les deux groupes sont rassemblés dans l’auditorium pour un concert assez aérien dans le noir. Seules les cordes du piano sont éclairées et c’est un moment méditatif et planant que nous fait vivre le grand pianiste jazz Malcom Braff avec un son métisse et onirique.
Dehors, côté son, Julian Sartorius dissèque les batteries et nous ratons malheureusement d’autres performances du duo Delgado Fuchs et le travail sur ses différents rôles de mère et d’artiste de la perform rude Emma Murray. Mais nous nous sommes suffisamment glissés dans l’univers proposé en cette ouverture de saison pour comprendre qu’entre narcissisme des beaux corps et questionnement sur des identités plurielles, les interrogations de la patrie de Guillaume Tell nous concernent tous. Nous reviendrons avec joie croquer la pomme de l’expérimentation au CCS, en 2019.
Visuels : photos des performances Hosetail Kickerbelt et Bang Gang / GGGang (c) YH
