Collections intimes de Françoise Huguier
Le musée du Quai Branly nous ouvre les portes des trésors de voyage de Françoise Huguier. Une petite exposition pour une échappée aux quatre coins du monde.
Les objets exposés sur la mezzanine de l’atelier Martine Aublet racontent plusieurs sortes d’histoires. Témoins, reliques, souvenirs, curiosités… tous sont l’expression d’un quotidien, d’une époque ou encore d’une idéologie, souvent caché sous une apparence futile.
Sur environ 400 objets, Françoise Huguier en présente ici 150, assemblés par thèmes et mis en lien avec quelques-unes de ses photographies. Elle a rapporté chacun de ces objets de ses voyages, souvent motivés par des reportages photographiques, et chacun porte un souvenir. De la défense de morse gravée où l’artiste l’a intégrée à l’image, au samovar russe sorti en cachette du pays en passant par un livre annoté par son père ou un fétiche vaudou qu’elle est la seule à pouvoir toucher, tous déclenchent une anecdote. L’exposition se visite comme un carnet de voyage en trois dimensions.
Ce que l’on sent en écoutant la photographe parler, c’est une profonde ouverture d’esprit et un besoin de creuser son sujet au plus près de son intimité. « En photographie, il faut être curieux et aller jusqu’au bout des choses. C’est la même chose pour les objets » confie-t-elle. Et c’est bien ce que l’on voit ici : une histoire du quotidien, des objets anodins qui accompagnent les gens, petits morceaux d’une culture pop trop souvent laissée de côté. Mis bout à bout, ces fragments d’histoire dessinent un portrait à l’échelle d’une société.
Car tous ces bibelots racontent l’histoire, les croyances, la société ou encore l’économie d’un pays. Et nombreux sont ceux qui témoignent d’époques révolues ou que l’histoire a enterrées. Les jouets en fer blanc birmans ont disparu au profit des jouets importés du Japon, le vase aux couleurs d’Haïlé Sélassié, dernier empereur d’Ethiopie, a subi le destin de son régime, ou encore les cyclo-pousses indonésiens ont été détruits suite à leur interdiction. Ces reliques comme elle les appelle, portent dans leurs surfaces bariolées le témoignage de convictions suffisamment fortes pour qu’on leur dédie un objet.
Point de départ de ses séries photographiques, d’interrogations sur la vie de leurs possesseurs, on navigue d’une vitrine à l’autre entre les origines créatives de Françoise Huguier et l’histoire intime du monde. Un voyage profondément humain.
Les curiosités du monde de Françoise Huguier
Du 30 juin au 11 octobre 2020
Musée du Quai Branly- Jacques Chirac – Paris
Visuels : 1- affiche de l’exposition / 2- Bangkok, tatouages, 2013 © Françoise Huguier / 3- Photomontage de Camille de Noray avec des objets de la collection de Françoise Huguier. Collection Françoise Huguier – © Camille de Noray / 4- Vitrine de l’exposition de Francoise Huguier © Françoise Huguier / 5- Vitrine de l’exposition de Francoise Huguier © Françoise Huguier