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[Bruxelles] Les musées royaux des Beaux-Arts mettent en lumière l’oeuvre sociale et symbolique de Constantin Meunier

[Bruxelles] Les musées royaux des Beaux-Arts mettent en lumière l’oeuvre sociale et symbolique de Constantin Meunier

25 September 2014 | PAR Yaël Hirsch

Dans les espaces d’exposition temporaire du nouveau “Musée fin-de-siècle” les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique mettent en lumière un grand artiste belge, à la fois sculpteur et peintre, habité par la foi catholique et portraitiste des paysans et des ouvriers. Une oeuvre puissante à (re)découvrir jusqu’au 11 janvier 2015. 

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Fidèle à la vocation du Musée fin-de-siècle, dont la vocation est de faire redécouvrir les artistes belges qui ont parqué le passage du 19ème au 20ème siècle, les Musées royaux des Beaux-Arts ont choisi d’exposer le parcours et l’oeuvre de Constantin Meunier.  Une décision intéressante, dans la mesure où elle permet de rappeler que la Belgique était la plus grande puissance industrielle d’Europe dans les années 1880, et que Meunier a lui-même illustré un livre qui rend hommage à une certaine idée de La Belgique, livre patriote écrit par le “Zola belge”, Camille Lemonnier. Or, il n’y avait pas eu de rétrospective Meunier en Belgique depuis 1909 alors que l’artiste était reconnu par tous ses pairs et que son engagement socialiste donne une force et un résonance historiques fortes à ses créations, souvent monumentales.

On entre dans l’exposition par de grandes scènes historiques concernant l’Europe mais aussi les Etats-Unis (Allégorie de la mort de Abraham Lincoln, 1865) avant de suivre le peintre dans des inspirations plus catholiques puis dans des voyages, notamment en Andalousie où Séville la place sur les traces d’un orientalisme toujours monumental  et où on le sens hésiter entre le souci de réalisme et la séduction de la sensualité des gitanes travaillant dans les Manufactures de Tabac (1883).

Après un passage par une série de paysans et de semeurs qui n’ont rien à envier à ceux de Millet, on entre dans le vif du sujet qui a rendu Meunier célèbre : son reportage à la fois monumental (par la taille des tableaux et la massivité des sculptures) et très social de la vie dans les usines de sidérurgie ou de verrerie. Ici, l’art de Meunier se fait puissant et fascinant. Et, passant vite sur les fréquentations littéraires et salonnardes (toujours politiquement et esthétiquement engagées) de l’artiste, l’exposition poursuit avec une série de tableaux suggérant, dès la toute fin du 19ème siècle, les menaces qui pèsent sur ce monde ouvrier.

On clôt le parcours par un jardin intérieur de sculptures de cet artiste total, qui permettent d’évoquer la marque que Meunier a laissé à la ville de Bruxelles : le monument au Travail, auquel il travaillait activement dans les années 1990 et qui sera finalement érigé dans le quartier de Laeken dans les années 1930. On réalise alors que le mélange de réalisme, de symbolisme et d’engagement social de l’artiste en ont peut être fait l’un des précurseurs de cette objectivité nouvelle  géométrique et monumentale qui caractérise l’art déco. Un artiste esthétiquement et historiquement passionnant.

visuels : affiche +  yh

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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