Politique culturelle
Laurence Jones, directrice de Paris Intiative Entreprise “les femmes entrepreneures que nous soutenons ne sont pas toutes des femmes fatales”

Laurence Jones, directrice de Paris Intiative Entreprise “les femmes entrepreneures que nous soutenons ne sont pas toutes des femmes fatales”

08 March 2013 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Laurence Zebus-Jones est depuis 2007 la directrice de PIE, principal financeur de la création d’entreprise à Paris, avec 8 millions d’euros de prêts et de garanties apportés en 2012. Auparavant, elle a créé 2 associations régionales de France Active (en Aquitaine et Haute-Normandie) dédiées aux financements des entreprises solidaires et aux chômeurs créateurs d’entreprise. Spécialiste des problèmes d’entrepreneuriat et de développement local, elle a commencé sa carrière dans l’univers de l’habitat social et le conseil aux collectivités locales. Elle a très chaleureusement accepté de répondre à notre interview Femme Fatale.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Se présenter pour une femme est toujours une question. Moins de 45 ans, mère de deux enfants, moitié antillaise – moitié parisienne, mariée à un britannique et passée par Sciences-Po et Oxford. Pour moi la vie professionnelle est aussi un engagement, c’est comme ça que je dirige PIE depuis plus de 5 ans.

PIE c’est la création d’entreprise à Paris : l’accompagnement et le financement des projets d’entreprises et d’entrepreneuriat solidaire.

Le 8 mars est journée de la femme, est-ce une fatalité d’être perçue comme une minorité ?

Si fatalité il y a, femme et de couleur, elle est double mais pour moi toutes ces différences sont autant d’atouts. A l’échelle de l’entrepreneuriat l’inégalité est réelle : seuls 30% des créations d’entreprises sont le fait de femmes, il y a donc matière à agir. Chez PIE, notre action nous amène à soutenir les projets de 45 à 50% de femmes selon les années, soit une centaine d’entreprises créées par an. Ces entreprises, les parisiens les connaissent bien, et les retrouvent dans le guide des Bonnes Adresses de Pie et sur notre site internet.

Etre directrice est-il synonyme de séductrice ?

Excellente question ! Je n’y avais pas pensé….Je  vais y songer pour contrebalancer peut-être une tendance parfois à materner. Plus sérieusement, ceci est une question de tempérament de chacune d’entre nous. Chez PIE, on a appris que pour trouver des fonds, des partenaires, des clients toutes les femmes peuvent réussir. Des femmes créent des entreprises et réussissent  à tous niveaux de diplômes et à tous les âges. Sur l’ensemble des entrepreneures financées,  25% ont moins de 30 ans et 20% ont plus de 45 ans.

Une femme fatale est prête à tout pour arriver à ses fins, quelle est la part de violence dans l’entrepreneuriat ?

Vous savez entreprendre, c’est la vie. Au risque de vous surprendre, les femmes entrepreneures que nous soutenons ne sont pas toutes des femmes fatales.  Elles pêcheraient plutôt par excès de prudence et de modestie. Elles donneraient souvent des leçons de courage, simplicité et fantaisie. Elles représentent aujourd’hui une minorité des chefs d’entreprise, cette réalité là est déjà une première  violence. Puis, le projet d’entreprise d’une femme engage aussi son entourage : tant dans la répartition des tâches ménagères que dans la solidarité familiale, faute de soutien, des difficultés peuvent apparaître. L’essentiel à retenir est que la création d’entreprise est surtout une opportunité de retrouver une juste valorisation de soi et de réconcilier travail et réalisation personnelle.

Elle peut aussi être, ou se faire passer pour  une victime, aux prises avec une situation inextricable. Avez vous la sensation que les femmes dans l’entreprise sont dans cette situation. Je fais notamment allusion aux jeunes mères qui n’arrivent pas à concilier ascenseur social et vie de famille.Que doivent-elles faire pour que leur situation ne soit plus une fatalité ?

La fatalité c’est celle des préjugés. Nous constatons que la majorité des projets qui nous arrivent sont liés à des domaines traditionnellement féminins (bien-être, enfants, mode et déco) mais avec de réelles innovations. Chez PIE on n’a malheureusement pas trouvé la recette miracle pour les femmes contemporaines ! En revanche, notre conseil à toutes les femmes : osez,  osez créer votre entreprise, osez en parler autour de vous et osez solliciter des aides qui sont là pour vous. Par exemple, nous avons un fonds de garantie pour l’initiative des femmes (le FGIF) qui facilite l’accès des femmes aux crédits bancaires.

Aujourd’hui, il n’y a plus de plafond de verre : après les femmes en politique, les femmes en entreprise émergent sur la scène publique. Les mentalités ont évolué, les institutions sont là, il n’y a plus de fatalité, Mesdames entreprenez !

 

 

Nico, la Salomé du XX ème siècle
Dame nature, la reine des femmes fatales.
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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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