Politique culturelle
La culture, un enjeu économique de premier ordre

La culture, un enjeu économique de premier ordre

07 January 2014 | PAR Céline Duverne

Une étude conjointement menée par les inspections générales des finances et des affaires culturelles souligne l’impact conséquent de la culture sur l’économie, mais de grandes disparités sont détectables d’un secteur à l’autre. Face à la tourmente, l’État entend demeurer un pilier incontournable du développement culturel.

culture-economieLa culture, un secteur qui assure :

Dans un contexte de crise économique régi par la sacro-sainte rentabilité, une étude réalisée par le cabinet EY pour France Créative révélait déjà, en novembre dernier, le poids déterminant des Industries Culturelles et Créatives (ICC) en France. A leur tour, les deux ministres Aurélie Filippetti et Pierre Moscovici entendent tordre le cou à bien des préjugés : oui, la culture rapporte. Les conclusions de l’analyse, chiffres à l’appui, rappellent qu’elle contribue pour 3,2 % à la richesse nationale et emploie 670 000 personnes, soit 2,5 % de l’emploi actif en 2010. Son apport direct et indirect à l’économie nationale en 2011 se chiffre à 104,5 milliards d’euros, et les activités culturelles représentent à elles seules 3,2% du PIB. En somme, avec près de 58 milliards d’euros de valeur ajoutée en 2011, elles sont aussi fructueuses que la filière agricole.

Les jeux-vidéos plus rentables que les bibliothèques, le cinéma au banc des accusés :

L’analyse prend appui sur un éventail extrêmement vaste : aux côtés des secteurs phares que sont les arts plastiques, le livre et le patrimoine, figurent la publicité, les industries de l’image et du son ou encore le jeu-vidéo. Une analyse plus pointue révèle de grandes disparités quant à l’apport économique effectif de chaque branche d’activité. Sans surprise, en 2011, le patrimoine (musée, expositions) se classe parmi les secteurs plus rentables : visites et produits dérivés rapportent 16 milliards d’euros. Les secteurs de l’audiovisuel et de la presse le suivent de très près avec, pour chacun d’eux, des recettes supérieures ou égales à 15 milliards d’euros. Les jeux-vidéos et la mode, très bien intégrés au sein des marchés mondiaux, complètent ce tableau des bons élèves et contre toute attente, la catégorie des spectacles se classe en tête de liste avec 17,5 milliards d’euros d’apport. En revanche, d’autres secteurs pourtant clés sont moins rentables qu’on pouvait l’escompter : l’accès au savoir et à la culture (comprenant l’éducation, la formation, les bibliothèques et les archives) occupe le bas de la liste avec un apport de 2,5 milliards seulement. Enfin, quelle n’est pas notre stupeur de compter le cinéma parmi les mauvais élèves ! Les recettes n’excèdent pas 8,5 milliards d’euros et les bénéfices liés à l’export sont très limités.

L’État conserve la mainmise :

En ces temps de crise propices à une mise en cause du rôle de l’État, le rapport des ministères réaffirme la persistance des aides publiques dans l’encadrement des secteurs culturels. En 2012, ces aides se chiffrent à 13,9 milliards d’euros, répartis comme suit : 11,6 milliards en crédits budgétaires, 1,4 en dépenses fiscales et 0,9 en taxes affectées à différents organismes de redistribution. Sur ce total, 9,3 milliards exercent un impact direct sur l’économie des secteurs culturels. La répartition de ces aides demeure très inégale. Elles jouent par exemple un rôle décisif dans l’accès au savoir et à la culture, un domaine en perte de vitesse, avec 835 millions de dépenses. Ce chiffre dépasse même les 5 milliards d’euros dans le secteur plus florissant de l’audiovisuel.

Le rapport révèle enfin la corrélation entre la création de festivals subventionnés et l’essor économique d’une région. Toutefois, la prudence reste de mise : le rapport conclusif rechigne à reconnaître l’existence d’un véritable lien de causalité entre l’investissement culturel et la performance socio-économique. En effet, si l’évolution du prix du mètre carré et du nombre de création d’entreprises est à l’avantage des territoires considérés, on constate une légère régression de la population totale et une augmentation de la proportion de chômeurs dans ces mêmes régions. Le cadre législatif vient à l’appui des aides publiques : ainsi la loi de finances rectificatives pour 2013 a-t-elle réformé le crédit d’impôt jeu-vidéo pour renforcer l’attractivité du territoire, et fait évoluer les crédits d’impôt cinématographiques pour maintenir la diversité de la production nationale et favoriser la venue de tournages internationaux.

Au-delà des données chiffrées, dont la présentation n’est pas toujours rigoureusement claire, les conclusions des deux ministres se veulent surtout rassurantes et porteuses d’un message politique. Cette étude a d’abord vocation à réaffirmer la mobilisation intensive de l’État pour dynamiser le secteur culturel et renforcer sa compétitivité dans l’échiquier économique. Une note résolument optimiste, après l’inquiétude générée par l’annonce d’une baisse de 2 % du budget alloué à la culture en 2014.

visuel : © rapport officiel des inspections générales des finances et des affaires culturelles.

visuel en Une : © Visuel Frankie & Nikkihttp://frankie-nikki.tumblr.com/

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