[Interview] Pascal Keiser : “Le festival d’Avignon entre dans la modernité”
Le 9 octobre dernier, lors d’une réunion de l’antenne vauclusienne de Terra Nova, emmenée par Jean-François Cesarini et Pierre Magny, présidents, Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon, a initié le concept de FabricA numérique accolé au bâtiment la Fabrica, nouveau lieu de résidence et de création pensé à et pour Avignon, monumental, situé dans les quartiers sensibles de la ville, entre Monclar et Champfleury. Nous avons demandé à Pascal Keiser coordinateur de la FabricA numérique, directeur de Technocité et directeur artistique de Mons 2015 de nous éclairer sur ce concept peu connu en France.
Qu’est- ce qu’un lieu numérique ?
On ne peut pas parler de lieu numérique, c’est un projet numérique qui développe des initiatives à vocations culturelles. Il s’agit de dépasser la notion de culture pour toucher à la pédagogie, à l’enseignement secondaire et professionnel. Au jour d’aujourd’hui, si on veut engager un projet culturel, le numérique est fondamental, et face à un public en décrochage, le numérique est un outil de désenclavement, particulièrement pour la tranche des 15-30 ans.
Quel est le projet ?
C’est un projet centré autour d’un bâtiment. Il ne s’agit pas de créer une autre Gaité Lyrique. La FabricA est située dans un quartier dit « sensible ». Il s’agit ici d’offrir un rayonnement national qui partira d’un développement local. Pour ce faire, nous avons réuni plusieurs partenaires dont le Pôle Emploi et l’Education Nationale, ou en local, par exemple, Vaucluse développement dont l’objectif est d’attirer des investisseurs. Vincent Peillon a signé il y a quelques jours une convention entre le Festival d’Avignon et le collège Anselme-Mathieu.
Concrètement, quels vont être les projets mis en place pour le Festival 2014 ?
Cet été on va démarrer avec une série de projets pilotes. Par exemple, une Web TV qui permettra une formation à la vidéo, au montage ou au son. Les étudiants auront l’occasion de développer leur esprit critique, grâce au travail des CEMEA (NDLR Centres d’Entrainement aux Méthodes d’Education Active). Le public sera national pendant le festival. L’idée est de mettre en capacité l’utilisation des outils web. Je dirige le théâtre La Manufacture et nous avons, à plus petite échelle, réalisé un projet équivalent. On avait vu comment les jeunes issus de la périphérie étaient dynamisés par cette initiative. Un autre exemple est celui d’un hackathon à l’Université des sciences. Le phénomène rassemble des geeks qui sont intéressés par un esprit de compétition de projets. Ils vont travailler sur les captations des débats pour optimiser leurs référencements sur internet. Le festival n’a pas l’impact qu’il devrait avoir au niveau du débat d’idées. Ce hackaton fera se rencontrer des jeunes geek avec les contenus du festival. Cela permettra de développer un panel large des outils numériques en relation avec le festival.
La FabricA permettra d’intégrer un cursus de formation, le numérique devenant ainsi un outil de ciment social.
Vous êtes en charge de la programmation numérique de Mons 2015. Quel pont souhaitez-vous bâtir entre le Festival d’Avignon et la capitale européenne de la culture ?
Je dirige Technocité qui forme 5000 personnes par an, et qui fait partie de la Digital Innovation Valley qui a créé des centaines d’emplois dans les filières numériques. Fleur Pellerin l’a repris via la « French Tech ». Il y a un gros partenariat qui se met en place entre Mons 2015, Technocité, et le Festival qui pourra s’inspirer de ce projet. Le Festival d’Avignon entre dans la modernité.
Visuel: Ouverture de la Fabrica, Amélie Blaustein Niddam