Le Py qui chante- Olivier Py en Interview exclusive
Olivier Py chanta et de sa voix Miss Knife fût et demeure.
Miss Knife à guichet fermé à l’Odéon ne se réjouit pas de la gloire d’un adieu, elle se remet en danger, réinvente son tour de chant à l’Athénée et sort un disque chic et jazz chez Acte Sud. Miss Knife sa vie son œuvre, Olivier Py ses vies, son œuvre en construction permanente bientôt sur un nouveau chantier dont il n’a pas peur de parler.
Le Py qui chante a accepté de répondre à nos questions et de jacasser avec liberté pour une interview exclusive dont nous vous livrons quelques secrets en vidéo.
Ange bleu déchu de l’Odéon, sauvé in extremis des flammes du bucher institutionnel, Olivier Py illuminera bientôt, de son rouge sang poétique, le Cristal de l’art exigeant, populaire du festival d’Avignon dans le sillage de Vilar et de Crombecque.
Les adieux de Miss Knife à l’Odéon furent somptueux, encore plus libre, détaché de ses fonctions administratives, Olivier Py offre sa voix de velours et ses textes enchanteurs à une Miss Knife au meilleur de sa forme. Le cirque du cabaret, la culotte à paillettes d’une danseuse burlesque, les pointes cassées par des talons hauts, le fard, cheveux blonds falsifiés, les faux cils arrachés, Miss Knife n’a pas peur de tomber du trapèze, elle glisse sur des tissus aériens vocaux, ne se brule jamais sous les feux de la rampe et éblouit par sa poésie subversive. Olivier, Miss Knife un miroir à deux faces, un duo au cœur des sentiers cachés aux sommets des larges vallées.
Miss Knife laisse aller la parole, raconte, son histoire, sa vie, ses souffrances, ses batailles, ses chutes, ses pertes, ses amours malades, avortées, sacrifiées, blessées et dans un rire salvateur libère le spectateur, l’arrache à sa vie, lui offre le rêve et les mots sur des notes jazzées par des musiciens en fusion.
Sans se prendre au sérieux entre vocalises, café à partager et rires enfantins, Olivier Py se découvre sous sa polaire noire et nous parle d’Avignon dont il prendra la direction en 2014. Il a déjà des idées, des pistes, les 5 années de succès à l’Odéon seront les fondations solides gages d’une programmation riche où Castorf, Pommerat, Novarina auraient leurs places. Il rit . « Je me regarde dans la glace et le jeune créateur que je suis, comme mes collègues, sommes des jeunes de 50 ans ! Je veux tendre la main à la jeunesse, rencontrer « la marge », offrir des lieux de créations et découvrir des talents comme nous avons pu le faire avec Impatience ».
Il a hâte de retrouver les terres où René Char exprima sa poésie, Jean Vilar artiste directeur libéra son talent et la puissance démocratique du théâtre, Alain Crombecque permit à Antoine Vitez de créer son mémorable Soulier de Satin.
« J’espère être un artiste directeur à la Vilar, servir les exigences du théâtre, le rendre démocratique, populaire et ouvrir le champ des possibles et les plateaux du festival aux artistes européens et du monde entier pour faire découvrir au plus grand nombre toutes les richesses de cet art. Tout est lié, je suis artiste, auteur, metteur en scène, saltimbanque et directeur, tout se croise, se tisse, se répond, se mélange.»
Nous lui demandons ce qu’il pense de la polémique actuelle sur la durée du festival plus courte cette année. Avec sincérité, sans mystère ni langue de bois il répond posément.
« Quand on veut faire de la polémique, on fait parler les chiffres, il est très facile de faire parler les chiffres.
La plupart des festivals, pour des raisons de calendrier des créateurs durent trois, quatre jours maximum. Avignon a de la chance, l’intérêt du festival, des directeurs actuels et de moi-même est de tendre vers un festival de quatre semaines. Le festival d’Avignon commence toujours un week-end donc selon l’horoscope, il peut perdre deux, trois ou quatre jours mais les regagner l’année suivante ! ».
Il ne va pas cesser de créer, d’écrire, de jouer, il se réserve l’avant festival, juste après la parution du programme pour répéter ses pièces, inventer encore et toujours.
Olivier Py passionne, agace, emporte les foules, énerve les uns, fascine les autres mais reste toujours lui même, artiste aux fesses nues, à la pensée traversante, l’exigence sans entrave, la passion des enfants croyants. En Miss Knife, en robe de metteur en scène dans les plumes de l’auteur ou sur les planches des plateaux, Olivier Py brûle et brulera, espérons le, très longtemps pour ouvrir les portes de l’art avec une fantaisie désespérée.
Visuels, Vidéo : (c) Bérénice Clerc
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