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Mort de Bertrand Tavernier : Cinéaste éclectique aux multiples talents

Mort de Bertrand Tavernier : Cinéaste éclectique aux multiples talents

26 March 2021 | PAR Laura Rousseau

L’illustre cinéaste lyonnais Bertrand Tavernier s’est éteint ce jeudi 25 mars à l’âge de 79 ans. Critique passionné, militant averti et réalisateur incontournable, cet amoureux du septième art a marqué profondément le monde du cinéma dans son ensemble.

Ses proches ont annoncé la triste nouvelle sur les réseaux sociaux. “Avec son épouse Sarah, ses enfants Nils et Tiffany et ses petits-enfants, l’Institut Lumière et Thierry Frémaux ont la tristesse et la douleur de vous faire part de la disparition, ce jour, de Bertrand Tavernier” à tweeté l’Institut Lumière dont Bertrand Tavernier était le président.

Voir notre interview réalisée en 2010 par Coline Crance lors de la sortie de la Princesse de Montpensier.

Passion sans limite pour le septième art

Mordu de cinéma depuis sa tendre enfance, il co-fonde un ciné-club Nickel-Odeon avec Bernard Martinand et Yves Martin. A eux trois, ils tentent de redonner vie au cinéma américain des années 40 et 50. Il collabore avec plusieurs revues tels que Cahiers et Positif, et fait des piges pour Télérama dans les années 1960. Il devient attaché de presse de Stanley Kubrick et de Georges de Beauregard, producteur de la Nouvelle Vague. Ce dernier lui permet de réaliser ses premiers courts métrages Le Baiser de Judas et Une chance explosive en 1964.

La particularité Tavernier

Il ne réclame pas dans le rang des cinéastes de la Nouvelle Vague (Truffaut, Rivette, Godard) avec qui il partage une génération. En effet, il ne souhaite pas appartenir à une quelconque mouvance et se positionne parfois à contre-courant de la Nouvelle Vague. En tenant à privilégier le récit et la narration, il veut raconter des histoires et donne une place de choix aux scénaristes. Ardent défenseur d’un cinéma à la française, il ne cache pas non plus son admiration pour le cinéma américain.

Dix années passent alors qu’il promeut des films oubliés avant de réaliser en 1974 son premier long métrage L’Horloger de Saint Paul, adapté de l’œuvre de Simenon, qui marque le début de son duo avec Noiret. Ils tourneront cinq autres films ensemble Que la fête commence, Le Juge et l’assassin, Coup de torchons, La vie et rien d’autre, et La Fille de d’Artagnan.

Il aime tout du cinéma et sa curiosité est inlassable. Il s’intéresse à tous les genres, de la comédie dramatique (Un dimanche à la campagne), au polar (L.627), en passant par les films de guerre et les films historiques (La Princesse de Montpensier). En 2013, il adapte une bande-dessinée d’Antonin Baudry et Christophe Blain, Quai d’Orsay. En 2017, il réalise également une saga documentaire sur le cinéma français à partir des années 30, intitulé Voyage à travers le cinéma français (lire notre interview réalisée par Grégory Marouzé à cette occasion). Sa curiosité pour l’objet cinématographique est sans fin. Et l’entendre parler de cinéma était une aventure (lire notre article) et voir sa masterclass au Forum des images en 2010. 

L’engagement d’une vie

Né le 25 avril 1941, le cinéaste a baigné dans le monde intellectuel et militant. Fils de René Tavernier, résistant durant l’Occupation et écrivain, qui a publié les grandes plumes de Louis Aragon et Paul Eluard, il tient de lui son engagement, comme un héritage. Il dénonce les tortures pendant la guerre d’Algérie, combat le Front National, et défend la légalisation des sans-papiers. Son côté militant s’exprime au gré de ses films. Il fait savoir son engagement contre le racisme, le colonialisme, la peine de mort, et la guerre.

Les chaînes de télévisions ont bousculé leur programmation afin de rendre hommage à ses œuvres cinématographiques. Vous pourrez découvrir ou redécouvrir Tavernier, ce soir sur France 3, dimanche soir sur France 2 et C8, et Lundi soir sur France 5

A vos écrans !

Visuel : Bertrand Tavernier avec le Président du Forum des Images, Claude Farge, sur la Plage de la Quinzaine des réalisateurs au dernier Festival de Cannes (2019) (c) Yaël Hirsch

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Laura Rousseau

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