Confinement culturel : le rideau se ferme sur la scène culturelle
Quatre semaines minimum de couvre-feu de 21h à 6h, en Île-de-France et dans les 8 métropoles les plus touchése par la Covid (Aix-Marseille, Grenoble, Lille, Lyon, Montpellier, Rouen, Saint-Etienne, Toulouse). L’annonce a été faite par le Président Emmanuel Macron, lors de son intervention au JT de 20h de France 2 ce 14 octobre. Une décision qui heurte de front la scène et la création culturelles et s’apparente à un deuxième confinement pour un secteur déjà fortement endommagé.
“Macron est entrain de tuer les salles de spectacles”. Cette déclaration de Loïc Bonnet, directeur du Théâtre A L’Ouest de Rouen au Figaro résume bien le climat mortifère qui règne depuis l’annonce du Président hier soir, d’un couvre-feu nocturne, empêchant ainsi les représentations et projections sur ce créneau particulièrement lucratif pour les salles de spectacles, de cinéma.
Cette mesure concerne, de fait, l’Ile-de-France, ainsi que huit métropoles, parmi les plus touchées par la deuxième vague du virus : Lille, Grenoble, Lyon, Aix-Marseille, Montpellier, Rouen, Toulouse et Saint-Etienne. Dans sa déclaration, Macron, a annoncé quatre semaines “renouvelables” jusqu’à six semaines, selon l’évolution de la transmission du virus. Alors que le monde du spectacle vivant voyait déjà son activité économique grevée de 72 % en 2020 à la suite du confinement et des mesures sanitaires, selon une étude du Département des Études, de la Prospective et des Statistiques (DEPS) du ministère de la Culture et que fin août une enveloppe de soutien supplémentaire de 432 M€ a été allouée au secteur par le ministère de la Culture, face à ce nouveau coup, on ne sait pas encore quel va être le soutien. Le Président a évoqué une assistance pour aider les salles à reprogrammer leurs spectacles/projections nocturnes en journée, sans préciser la nature de cette aide. Il a aussi parlé d’une réactivation du “chômage partiel à plein” pour ces secteurs vivant une forme de deuxième confinement : un confinement culturel, donc.
Des interpellations désespérées
De leur côté, les professionnels du spectacle s’indignent, remarquant qu’ils ont respecté à la lettre les mesures sanitaires dans leurs salles. En effet, toutes les représentations, projections auxquelles nous avons pu assister imposaient un port du masque et une distanciation physique sans équivoques. D’ailleurs, Macron lui-même semble le reconnaitre dans son intervention : “On a des protocoles sanitaires qui sont très efficaces au cinéma, comme au théâtre”. Pourtant, cela ne l’empêche pas de faire tomber un peu plus le rideau sur un monde culturel qui continuait à survivre tant bien que mal, malgré la crise sanitaire.
Et si on laissait l’accès aux spectacles le soir ? En guise d’attestation, on produirait son billet de ciné/théâtre, et on pourrait rentrer chez soi directement après ? En quoi la culture serait une filière moins importante que les autres ? #CouvreFeu
— Marie Sauvion (@sauvionmarie) October 14, 2020
Les interpellations de professionnels de la culture et de journalistes culturels, en général à l’adresse de la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, se sont multipliées sur les réseaux sociaux. Ainsi, par exemple, Marie Sauvion, critique de cinéma à Télérama, appelle dans un tweet à ce que les billets de spectacle puissent servir d’attestations de sortie, pour que les spectateurs puissent continuer à faire vivre le monde du spectacle. Tandis que le violoniste Renaud Capuçon souligne surtout le nombre de questions sans réponses auxquels les acteurs culturels se retrouvent confrontés.
Comment peut on sauver la vie culturelle et musicale en France?
Faut il reprogrammer les concerts à 18h?
Le public suivra-t-il?
Tant de questions…
Chère @R_Bachelot nous comptons sur vous pour nous éclairer.— renaud Capuçon (@RCapucon) October 14, 2020
Visuel : ©Affiche La Dernière Séance, de Peter Bogdanovich.