
Cinéastes en danger : à Venise, la résistance s’organise
Face à la censure et l’emprisonnement de cinéastes dans certains pays, des professionnels du cinéma profitent de la Mostra de Venise pour créer une “Coalition internationale pour les cinéastes en danger” (ICFR).
Jafar Panahi, Mohammad Rasoulof, Oleg Sentsov, ces noms sans doute familiers à certains cinéphiles, ne sont que des exemples, parmi tant d’autres, de cinéastes emprisonnés dans leurs pays ces dix dernières années. Cela, afin, comme l’écrit de but en blanc l’ICFR dans son communiqué réalisé à Venise, de “les faire taire”. Face à ce nombre d’atteintes à la liberté d’expression toujours grandissant, organisations (International Documentary Film Festival Amsterdam (IDFA), European Film Academy (EFA), etc…) et professionnels ont alors profité de la plateforme offerte par la Mostra de Venise, 1er festival international de cinéma post-covid, pour lancer un appel à l’action et à la coordination.
La nécessité d’un organisme stable
Mike Downey, vice-président de l’EFA, date sa résolution de créer un organisme stable à la libération du cinéaste ukrainien Oleg Sentov en Septembre 2019, après cinq longues années de manifestations à la réclamer. C’est à ce moment qu’il eut la révélation, confiée à Screendaily, que “si jamais un événement semblable se reproduisait, ils [les activistes] réagiraient toujours de manière improvisée, non-coordonnée”(NDLR: traduction de Toutelaculture). La création d’un telle organisation permettra ainsi de mettre en place des campagnes coordonnées et de représenter légalement les cinéastes en danger, dans un esprit de coalition mobilisant autant la communauté internationale du cinéma que les réseaux de défense de droits de l’homme.
Un appel à l’union avec des soutiens de poids
Cette nouvelle coordination dispose déjà d’une certaine résonance. Ainsi, comme le rapporte également Screendaily, cette initiative a déjà attiré des allié.es de poids. C’est le cas de l’actrice Helen Mirren ou bien encore de Jafar Panahi, objet d’une condamnation dans son pays l’Iran depuis 2010, qui l’empêche de travailler ainsi que de voyager au-delà des frontières. Ce dernier déclarant, par ailleurs, que c’est le soutien de ses confrères cinéastes plus que celui des politiques qui l’a aidé à poursuivre le combat pour sa liberté.
Cet appel à l’union arrive dans un contexte post-covid forcément chargé, où la solidarité entre professionnels et institutions du cinéma est plus nécessaire que jamais. La 77e Mostra de Venise, présidée par Cate Blanchett, se déroule “en physique” du 2 au 12 septembre. Au-delà de ses paillettes et tapis rouges, elle est alors aussi l’occasion parfaite pour se réunir autour de grandes causes communes, fussent-elles la survie des salles après le confinement ou la liberté d’expression dans le monde.