
Festival d’Avignon : De New York à Bayonne à Vive le Sujet !
Nous y sommes : dans la deuxième et dernière dizaine de jours du Festival d’Avignon. Et cela s’accompagne d’un renouvellement des Vive le Sujet !, vous savez, ce programme de théâtre, danse, performance, musique et cirque pensé par la SACD et le Festival d’Avignon. La série 3 nous fait voyager !
Tout commence avec du grand théâtre. Pourvu que la mastication ne soit pas longue nous raconte l’horrible fait divers suivant : en 1999, Amadou Diallo est tué, parce que sa peau est noire, de 41 balles tirées par des policiers blancs. Son crime ? Avoir pris un peu de temps pour sortir sa carte d’identité de sa poche.
À la roue Cyr, le puissant Juan Ignacio Tula transcende son outil. À la musique, Arthur Bartlett Gillette est un homme-orchestre qui de sa voix et de ses instruments anciens et d’aujourd’hui nous transporte dans l’ambiance de la ville à la fin du XXe siècle. Au récit, Hakim Bah balance ses mots presque comme s’il les rappait. Il est Amadou, jeune homme né en Guinée venu vivre l’American Dream.
La roue devient le bureau des véreux et des puissants et la récupération du drame s’empare du jardin de la Vierge du lycée Saint-Joseph. On y est. L’affaire a fait grand bruit a l’époque, et les flics ont été jugés non coupables. Ils sont tous les trois impeccables dans leurs fonctions et chaque élément nourrit l’autre. L’idée de la roue Cyr est grandiose car elle n’est pas utilisée de façon classique, elle devient le monde qui a justement arrêté de tourner rond.
Après un changement de plateau rapide, on change d’ambiance. Nous voici dans le Pays basque pour une étude chorégraphique et en mouvements sur les danses populaires de cette région. Aina Alegre a invité Yannick Hugron à lui parler de son expérience de danseur traditionnel.
Aujourd’hui il a quitté ce champ et officie sur de nombreuses scènes beaucoup plus contemporaines. On l’a souvent écrit, les danses traditionnelles fascinent les chorégraphes (Rizzo, Roccoli, Mayer, Sciarroni…). Ils y puisent les pas pour interroger la part performative du geste.
Là où le duo d’Aina et Yannick apporte sa pierre à l’édifice, c’est que leur réflexion est à la fois sur le fond et la forme. Ils questionnent, dans leurs pas, au son d’une discussion enregistrée sur ces danses, l’acte de marteler “fermement mais sans violence”. Au-delà de la recherche pure, la pièce Étude 4, Fandango et autres cadences interroge la place des femmes dans ces danses. Et oui, d’ailleurs, CES danses, ce n’est pas mal de rappeler, merci vous deux, qu’il n’y a pas UNE danse traditionnelle basque.
Jusqu’au 24 juillet à 11 heures au jardin de la Vierge du lycée Saint-Joseph. Durée 1h30.
Visuel : © Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon