
Le best of cinéma 2018 de la rédaction de Toute La Culture
De Cannes à Arras en passant par Venise, Deauville, Berlin et Belfort et les séances à Paname, la rédaction cinéma de Toute La Culture a fait le tri parmi ses coups de cœur !
Yaël Hirsch
Bonne résolution avant 2019: tenir le top 10, le vrai. Le voici.
- Transit de Christian Petzold : Adaptation pour notre Europe actuelle du roman de Anna Seghers sur les migrants du nazisme, le film habille ses personnages dans des costumes d’aujurd’hui et ça marche : c’est beau et émouvant. Interview.
- Le Grand Bain de Gilles Lellouche : Une comédie géniale, bien écrite, qui fait de ses faiblesses des forces, avec un casting dément et qu’on peut conseiller à tous.
- Climax, de Gaspar Noé : Maîtrise formelle absolue, originalité bluffante. Noé sait résolument faire du bad trip du grand art et on marche, même quand dans la vie on préfère les ours chamallow aux extasies.
- Zama, de Lucrecia Martell. Une suite de tableaux parfaits qui racontent avec précision la mélancolie de l’homme blanc colonisateur, à son époque de règne, avec un soleil au zénith mais très peu de gloire. Images à couper le souffle, langueur moite juste unique. Interview.
- 3 billboards, de Martin Mac Donagh. Don Quichotte est une femme et elle vit derrière la frontière. Un Western revu et corrigé qui laisse un arrière-goût unique.
- Guy d’Alex Lutz, Un portrait de chanteur écrit et joué avec brio et qui nous plonge dans des années de chanson française.
- Cold war, de Pawel Pawlikowski. Est-Ouest, les racines, la passion les chants populaires polonais et un noir et blanc lustré. Le film qui a triomphé aux European Film Awards est une magnifique fresque.
- The Red Sparrow, de Francis Lawrence. Un autre film à ambiance guerre froide avec la magnifique Jennifer Lawrence. Une oeuvre qui assume son genre avec rythme, rebonds et grâce.
- Les chatouilles : Une belle adaptation de la pièce, portée par le sujet et le texte fort de cette pièce : la pédophilie et le trauma qui mords l’âme des enfants abusés.
- L‘insulte, de Ziad Doueiri. Quand un pugilat de rue s’enflamme, à Beyrouth, ce sont toutes les divisions et les douleurs du pays qui refont surface. Scénario magnifique et rythme parfaitement efficace.
Grégory Marouzé
2018 n’a pas été que l’année des nouveautés au cinéma. Et comme il n’existe pas de « vieux films » (parlons-nous de vieux romans, vieux tableaux ou vieux disques ?) revenons sur quelques reprises ou inédits. Nous aurons pleuré devant le bouleversant Ecrit sur du vent (1955), porté par Rock Hudson, Lauren Bacall, Robert Stack, Dorothy Malone, et réalisé par le maître du mélodrame flamboyant en Technicolor : l’immense Douglas Sirk ! Le vénéneux Les tueurs de la lune de miel (1969), unique film (et chef-d’œuvre) du compositeur et chef d’orchestre Leonard Kastle nous a terrifié. Cette histoire, qui mêle Eros et Thanatos, et dont le style évoque un croisement entre le cinéma de Cassavetes et le Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper, est une expérience unique dans l’histoire du cinéma. Enfin, JSA (Joint Security Area) (2000), thriller politique inédit et visionnaire, nous aura donné l’occasion de découvrir une œuvre de jeunesse d’un futur grand cinéaste coréen : Park Chan-wook, l’auteur de Old Boy et Mademoiselle.
Geoffrey Nabavian
Plus les années passent, et plus les propositions hors-format l’emportent. Par souci d’honnêteté, je ne retiens qu’un seul film dans mon best of cinéma de 2018, le seul que j’aie trouvé vraiment magnifique cette année : Les Âmes mortes, documentaire du chinois Wang Bing, d’une durée de 8h20, présenté Hors Compétition à Cannes. Une confrontation patiente avec le passé d’hommes et femmes (anciens fonctionnaires sous Mao Zedong, pour une part) ayant connu le camp de rééducation de Jiabiangou à la fin des années 50, ou au début de la décennie suivante. Des rescapé(e)s ici patiemment interviewés. Par sa manière extrêmement épurée et sans effet du tout, Wang Bing mène la parole qu’il capte vers un pur sommet d’humanité.
Je décerne également un Prix Spécial à un film imparfait mais très cohérent : I Feel Good, de Benoît Delépine et Gustave Kervern, comédie aux moyens minimaux et aux thèmes très vastes et profonds, où Jean Dujardin fascine.
Sans oublier, côté reprises, celle d’un chef-d’oeuvre sorti il y a quarante ans : Passe-Montagne, de l’immense Jean-François Stévenin. Un magnifique fragment d’humanité, véritable « film de vagabondage » patient et imprévisible, où un citadin pressé s’allie à un garagiste un peu ermite pour franchir un col, et côtoyer au passage les locaux qui y résident. Un film unique, et l’un des plus beaux rôles de Jacques Villeret.
Magali Sautreuil
Le cinéma et moi entretenons une relation particulière. Même si je regarde énormément de films, il y en a peu que je visionne sur grand écran. Mais quand je décide enfin de me rendre au cinéma, je suis comme une enfant. Je m’installe toujours au milieu du premier rang pour avoir l’impression d’être dans un tête-à-tête, puis je me cale bien au fond du fauteuil. Je n’ai encore jamais le plaid, mais un jour, j’y viendrais, histoire d’être comme dans un petit nid douillet. C’est avec cette âme enfant que j’ai redécouvert l’univers de Winnie l’Ourson, à travers un des meilleurs live action de Disney, selon moi : Jean-Christophe et Winnie. Dans nos vies, à force de courir partout, nous passons à côté de choses importantes et ce film fut comme une bouffée d’air frais pour moi. Je ne sais si je suis dans une période nostalgique, mais le second film pour lequel je me suis déplacée est Astérix et le secret de la potion magique, qui est en ce moment à l’affiche. Alexandre Astier et Louis Clichy sont parvenus à réaliser un nouvel épisode de nos Gaulois préférés sur une histoire originale, mais fidèle à l’univers d’Uderzo et Goscinny, avec une mise en scène dynamique, une animation de qualité et des dialogues qui font mouche !