Théâtre
L’intrus avec Claude Rich, à la Comédie des Champs Elysées

L’intrus avec Claude Rich, à la Comédie des Champs Elysées

15 September 2011 | PAR Clement Fraioli

Depuis le 8 septembre, Claude Rich est à l’affiche de L’Intrus, écrit par Antoine Rault et mis en scène par Christophe Lidon, à la Comédie des Champs Elysées. C’est la troisième collaboration entre Claude Rich et Antoine Rault, après Le Caïman, qui évoquait la vie du philosophe Louis Althusser, et Le Diable Rouge, dans lequel Rich jouait Mazarin. Cette fois-ci, l’acteur ne joue pas un homme célèbre, seulement un homme face à la plus grande épreuve de l’humanité, la mort.

Henri (Claude Rich), savant spécialiste du cerveau, rencontre un soir dans sa chambre un étrange jeune homme qui semble bien, voire trop bien, le connaître. Cet “Intrus”, joué par Nicolas Vaude, lui propose alors un pacte : vivre les derniers instants de sa vie pleinement, animé d’une dernière jeunesse, en échange de son âme. Antoine Rault aborde donc ici le thème, on ne peut plus classique, de l’homme face à la mort, des doutes et des peurs qui résultent de cette confrontation, comme l’ont abordé auparavant des œuvres comme Faust ou Le Portrait de Dorian Gray.

Lorsque le rideau s’ouvre, on découvre Claude Rich affaibli, sur son lit, au milieu d’une pièce où les jeux de miroirs et de lumières apportent une atmosphère propice à l’étrange et au fantastique. De plus, grâce à ses miroirs qui reflètent également une partie du public, la mise en scène favorise l’implication du spectateur face au propos de la pièce, qui se veut déjà très rassembleur (qui ne s’est jamais demandé ce qui se passait après la mort ? ) Ainsi, le personnage de Claude Rich n’est plus un homme, mais tous les hommes, et la portée de ses mots n’en est que décuplée. Malgré cette belle entrée en matière, L’Intrus ne parvient pas à confirmer et s’enlise peu à peu dans des banalités et des ratés artistiques.

En effet, face à un thème universel, la mort, ou la vie selon le point de vue que l’on adopte, l’auteur n’arrive pas à apporter une lumière originale, ou du moins intéressante. La pièce n’apporte bien évidemment aucune réponse à la question de la vie après la mort (qui le pourrait ? ), mais ne se permet pas non plus de prises de risques, en sortant des sentiers battus, et rebattus, propres à ce sujet. On a donc droit aux dialogues emprunts de doutes et de mysticisme face à la grande inconnue, mais n’étant ni originaux, ni spécialement réussis, que ce soit dans le fond ou dans la forme, on doute de leur nécessité et de leur intérêt.

On doute également de certains choix artistiques de la part du metteur en scène, Christophe Lidon. A commencer par le choix de l’acteur principal, Claude Rich. Si l’on ne peut avoir que du respect pour la carrière de cet acteur-comédien de référence, il n’était clairement pas à la hauteur lors de la représentation à laquelle nous avons assistée. Faible, peinant à se déplacer sur scène et butant sur ses répliques, on ne peut s’empêcher de se dire que le choix de Claude Rich en tête d’affiche relève plus d’un choix commercial que d’un véritable parti pris artistique. De plus, l’acteur, par choix personnel ou sur demande du metteur en scène, joue avec une oreillette, assez flagrante, ce qui pousse le spectateur à se demander si ses nombreuses hésitations proviennent du jeu de l’acteur, ou si elles trahissent des trous de mémoire, suppléer par cette assistance technologique. Tout cela empêche toute spontanéité de la part du comédien, et, de par le fait, freine l’immersion du spectateur dans la pièce. On déplorera également un certain manque de cohérence dans l’atmosphère de la pièce; ainsi, voulant à tout prix faire rire sur le thème abordé, cette dernière tombe parfois dans un côté burlesque qui sonne faux par rapport au reste de l’œuvre.

Certaines réussites méritent tout de même d’être soulignées. Par exemple, Nicolas Vaude, qui interprète l’Intrus, est plutôt bon, exprimant bien le charme, la malice et le cynisme propres à ce type de personnages. Delphine Rich, fille de Claude, sort aussi son épingle du jeu en réussissant à interpréter plusieurs personnages très différents (la fille, la femme et la maîtresse d’Henri) en évitant l’excès et la caricature.

Cependant, la déception reste présente face à une pièce qui, par son sujet et sa distribution, aurait pu nous émouvoir, tout en apportant de la fraîcheur et du renouveau à un thème vieux comme le monde. Dommage…

Giacometti et les Etrusques à la Pinacothèque
Scarlett Johansson chante en duo avec Dean Martin (si, si, celui qui est mort)
Clement Fraioli

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration